L’art des Chiche capon est celui des clowns, c'est-à-dire
gonfler la plate réalité jusqu’à une explosion hilare et complice. Derrière
« Les Oliver St John Gogarty », nous fait-on croire, il y aurait à
l’origine un petit spectacle bien léché sur l’évolution de l’Homme, vue par des
Irlandais sondés dans un pub de Dublin portant le nom d’un célèbre homme de
lettres. Mais à l’arrivée sur scène, un seul membre du groupe a gardé en tête
le sérieux du propos. En face, trois gugusses étaient décidés à tout ficher en
l’air, surtout l’extraterrestre aux cheveux blonds interminables et en
imperméable douteux, surgissant au milieu des spectateurs.
Même après le spectacle, ils n’ont rien perdu de leur gouaille. |
Ricardo Lo Giudice brandissait en vain sa queue de cheval pour
tenir sur les rails Matthieu Pillard, élève de CM atteint de gigantisme, Fred
Blin et, pire que tout, Patrick de Valette, le désordre incarné. C’était comme
si les feux de la rampe les autorisaient à faire le pitre.
La salle ne s’est pas trompée, et a accueilli ce
pseudo-ratage avec rires et applaudissements. Elle a apprécié le talent fou qu’il
faut pour faire minutieusement n’importe quoi. Pour démontrer sa souplesse, Matthieu
Pillard insère son grand corps entre les barreaux d’un escabeau pliant et s’y
coince. Il passe la moitié du spectacle à décliner l’inextricable inconfort de cette
position.
Le spectacle atteint sciemment des paroxysmes d’incompétence
et de mauvaise volonté : chutes, agressions, fuites, fanfaronnades – avec ce
trublion de spectateur rôdant dans l’espoir d’ajouter à la confusion.
Certes, le ver du désordre était peut-être dans le fruit dès
la conception du spectacle. Qui a pu espérer tirer des propos cohérents d’une beuverie
dublinoise ?
L'Union
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