13/08/2007

Amy Fuks découvre le lointain, reconnaît le proche


« Where are you from ? » Les Américains échangent la question « D’où venez-vous ? », presque comme en France on dit « Ca va ? ». Elle reflète la réalité d’une population non seulement mobile, mais surtout arrivée majoritairement d’ailleurs. Chacun a son histoire, personnelle ou familiale, du voyage définitif des immigrés.
Le père d’Amy Fuks, par exemple, a quitté la Pologne à vingt ans, et a réussi à devenir médecin oncologue réputé à New York. Pour beaucoup d’Américains, le pays d’origine est drapé de nostalgie, mais son père ne regrette pas la Pologne. « En tant que Juif » explique Amy « il souffrait d’harcèlement, de discrimination. » Sa mère est née aux Etats-Unis, mais dans une famille qui parlait encore le yiddish.
Grandissant dans le Connecticut, « en fait la grande banlieue de New York, à quarante minutes », Amy est allée à une école juive, mais a opté à quatorze ans pour un lycée public. A huit ans déjà elle dessinait et peignait, et elle a réussi à entrer dans la prisée « Rhode Island School of Design », où elle sera en troisième année à la rentrée prochaine. L’école a une antenne à Rome, et Amy vient d’y passer deux mois Elle entend devenir illustratrice, mais aime peindre aussi, et elle écrit. « Cela demande une concentration totale, alors que je peux peindre en écoutant la musique, en parlant aux amis. » Elle le confirme en sortant ses effets de peinture dans le jardin de ses amis.
Un ami élevé près de Chacrise, et rencontré à New York, l’a fait venir en France. Ils ont regardé Soissons du haut de la tour de la cathédrale, et Amy partage l’admiration des étrangers pour l’édifice si épuré. Remplie de références par ses études, elle a cru un moment que l’Annonciation de Rubens était du Caravage, « un de mes favoris ». Amy a visité le fort de Condé, et y a vu l’exposition de Marie Miranda (voir l’Union du 5 juillet). Son opinion ? « Ces tableaux m’inspirent. » Ainsi elle réagit plus en artiste qu’en critique, trouvant une démarche qui peut enrichir son propre travail.
Par rapport à l’Italie, elle trouve la France « calme, pas bruyante », les Français « plus réservés, polis ».
Amy Fuks avec un ami au fort de Condé.
Amy est contenue, d’une courtoisie sans faille. Elle n’a pas l’exubérance qu’on attend de ses concitoyens, mais partage leur volonté d’être positifs en tout, de voir la beauté des paysages, l’intérêt des sites, les qualités des gens. On peut y voir une raison de la réussite américaine dans tant de domaines, alors que nous autres européens nous n’éloignerions jamais totalement la mélancolie de notre longue histoire. Mais Amy admet que, dans ses écrits par exemple, elle aborde les aspects plus sombres de l’existence.
Amy et sa sœur n’ont pas été élevées religieusement. Mais sa perspective a évolué pendant ce voyage. « A Rome, nous visitions beaucoup d’églises avec notre guide. Tous ces signes du christianisme m’ont paru si loin de moi que, du coup, j’ai senti ma proximité au judaïsme. » Amy découvre que voyager fait certes découvrir ce qui est loin, mais aussi reconnaître, sous de nouveaux cieux, ce qui est profondément proche.
L’Union

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