28/02/2012

Feydeau : la guerre cachée des sexes


Dans sa mise en scène du « Dindon » de Feydeau, Philippe Adrien opte dès le début pour un rythme trépidant, et qui ne fait que s’accélérer. Comme dans un kaléidoscope, jouet d’enfant qu’on secoue pour changer constamment le dessin formé par de petits fragments colorés, les personnages se précipitent dans toutes les combinaisons de l’infidélité. Pontagnac a un plan adultère si complexe, et qui dépend de tant de péripéties, qu’il n’est pas étonnant de le trouver, à la fin, seul parmi les couples réconciliés : « C’était écrit, je suis le dindon ! »
    Dans cette version minutieusement chorégraphiée, le texte est dit avec une telle emphase et vitesse qu’il devient une sorte de feu roulant pour accompagner la guerre des sexes.
    Le côté subversif de Feydeau se trouve dans sa peinture de la vie bourgeoise. L’élément de base de ses intrigues n’est ni l’amant ni la maîtresse, mais le placard : la vie licencieuse des bourgeois est une série interminable de cachotteries, pour sauver les apparences. Le fonds de commerce du vaudeville ne vient que des maladresses qu’ils commettent en se cachant.
    La pièce terminée, et devant une salle pleine et pleinement acquise, les nombreux personnages prennent des poses fixes, comme dans un tableau vivant, et le double plateau tournant les fait flotter devant nos yeux. Ainsi, ces agités de la chair touchent à l’éternel humain.
L’Union

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