Dans
sa mise en scène du « Dindon » de Feydeau, Philippe Adrien opte dès
le début pour un rythme trépidant, et qui ne fait que s’accélérer. Comme dans un
kaléidoscope, jouet d’enfant qu’on secoue pour changer constamment le dessin
formé par de petits fragments colorés, les personnages se précipitent dans
toutes les combinaisons de l’infidélité. Pontagnac a un plan adultère si
complexe, et qui dépend de tant de péripéties, qu’il n’est pas étonnant de le
trouver, à la fin, seul parmi les couples réconciliés : « C’était écrit, je suis le
dindon ! »
Dans cette version
minutieusement chorégraphiée, le texte est dit avec une telle emphase et
vitesse qu’il devient une sorte de feu roulant pour accompagner la guerre des
sexes.
Le côté subversif de Feydeau
se trouve dans sa peinture de la vie bourgeoise. L’élément de base de ses
intrigues n’est ni l’amant ni la maîtresse, mais le placard : la vie
licencieuse des bourgeois est une série interminable de cachotteries, pour
sauver les apparences. Le fonds de commerce du vaudeville ne vient que des maladresses
qu’ils commettent en se cachant.
La pièce terminée, et devant
une salle pleine et pleinement acquise, les nombreux personnages prennent des
poses fixes, comme dans un tableau vivant, et le double plateau tournant les
fait flotter devant nos yeux. Ainsi, ces agités de la chair touchent à
l’éternel humain.
L’Union
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