22/10/2012

Résonances : accompagner la musique

Sylvie Pommerolle dans son jardin d’Aizy-Jouy, entourée,
de gauche à droite, par Régis Pommerolle,
Thierry Bronchain, Salim Le Kouaghet et Norman Calabrese.
Les peintres mettent parfois la musique en travaillant, sans que cela soit plus qu’un fond sonore, agréable mais secondaire à son inspiration. La pianiste Sylvie Pommerolle a voulu aller plus loin, en proposant à des artistes de peindre en écoutant les partitions qu’elle jouerait dans une salle de concert. Musique et peinture : son idée est de faire vivre en direct et en public les résonances entre les deux. Pour rendre visible le moindre geste, l’acte de peindre serait suivi d’une caméra et projeté sur grand écran. Thierry Bronchain s’est occupé de cet aspect technique du spectacle.
     Trois peintres se sont joints au projet. Norman Calabrese, arrivé en Europe lors des conflits dans son Argentine natale, s’est découvert une sensibilité particulière à Claude Debussy. Jean Denis, fondateur des « Pinceaux voyageurs », est depuis longtemps fasciné par le Roumain György Ligeti et sa « Musica Ricercata », ingénieux contournement de l’interdiction communiste de la « musique sérielle » jugée subversive. Salim Le Kouaghet, invité à participer, a découvert Ligeti, « ses silences rythmiques, sa force et sa retenue ». Sylvie Pommerolle, a donc établi un programme d’œuvres de ces deux compositeurs.
    « Résonances » a été donné deux fois, au château de Limé et à l’abbaye Saint-Léger de Soissons, et doit poursuivre sa carrière. Le projet a un aspect social. « Nous essayons de donner des spectacles de qualité en milieu rural. »
     Jean Denis trouve le moyen de reproduire, par ses éléments alignés, la progression numérique de Ligeti. Salim Le Kouaghet synchronise ses gestes avec la musique. Il applique de larges traits avec un pinceau de peintre en bâtiment, puis surimpose les signes calligraphiques qui caractérisent sa peinture, comme une mélodie qui se détache d’un fond sonore. Norman Calabrese fait émerger sur sa toile « La cathédrale engloutie » de Debussy, créant une sorte d’image miroir de la partition.
    La musicienne et les peintres font s’interpénétrer les deux formes d’art, font résonner la musique dans les traits de l’image, l’image dans les notes de musique.
L'Union

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