15/02/2013

Ecouter avec les yeux

« On mange pour ne pas mourir ; on chante pour s’entendre vivre. » Un des personnages des « Hirondelles de Kaboul » pointe ainsi la portée de l’interdiction de la musique – comme du rire – par les extrémistes afghans.
    La pièce, adaptée du roman de Yasmina Khadra, est présentée par la compagnie Nomades pour la Semaine de création théâtrale au Mail. La chape de plomb religieuse, les atteintes à la liberté, la violence envers les femmes sont racontées à travers neuf grandes marionnettes, manipulées par Jean-Louis Wacquiez et Charlotte Joliveau, habillés eux-mêmes en afghans. A ses instruments, Philippe Leroy fournit un fond musical, expressive évocation du pays.
Deux hommes de Kaboul discutent dans les fauteuils de la salle.
    Comment une marionnette, à l’expression fixe et qui ne permet que des mouvements rudimentaires, devient-elle si éloquente ? Ce sont les effets du jeu, la finesse des manipulateurs et la mise en scène qui aiguisent l’attention du public. L’imagination est engagée et le geste le plus simple devient riche de sens. Dans cette histoire afghane, le texte passe parfois même à l’arrière-plan, et le spectateur écoute avec les yeux, fixés sur ces grandes poupées.
    Un atout du spectacle est sa brillante prise de possession du lieu. Les personnages circulent dans la salle, s’y installent, ou sont accrochés à des cordes suspendues du toit. L’action entoure le public, et les spectateurs ne sont pas loin de devenir témoins des exactions commises.
L'Union

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