Nicolas Pierson est le fonctionnaire russe qui devient fou. |
Mais plus qu’une simple exposition des progrès de la démence, la pièce est un piège tendu au public, et sa réussite sur scène se mesure par sa capacité à l’y faire tomber.
Le fonctionnaire que joue Nicolas Pierson, épaules rentrées, coudes collés aux côtes, se montre tout de suite lassant, par les assommants ennuis qu’il raconte. Sans changement de ton, il évoque deux chiens rencontrés dans la rue, qui non seulement s’apostrophent mais entretiennent une correspondance écrite. Les spectateurs commencent à sourire, puis à rire de ses hallucinations, dont une extravagante prétention à être le roi d’Espagne. Qu’il est ridicule !
Les « délégués » venus pour l’amener à son palais sont, on le comprend, des gardiens d’asile. Ce qu’il prend pour d’étranges rites d’intronisation sont en fait les brutalités usuelles d’un tel lieu. Il souffre, et soudain les rires s’avèrent être de faciles moqueries devant la détresse humaine.
Nicolas Pierson et son metteur en scène Madeleine Deleu réussissent ce travail subversif. Il agace, puis fait rire, puis fait s’arrêter les rires. Son dernier cri adressé à sa mère est un reproche pour ceux qui s’amusaient de ses aberrations.
L'Union
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