Pour le premier volet de sa trilogie sur le jazz, Antoine Hervé avait évoqué le blues, cri de révolte contre les maux du monde et du cœur, et le boogie, pour danser (voir l’Union du 21 février). Après ces formes génériques, il est revenu pour présenter un des talents les plus individuels et les plus originaux de l’histoire du jazz, Thelonious Monk. Avec son mélange particulier d’informations solides et d’humour, il explique cet original, et l’illustre au piano.
Loin du jazz facilement trépidant et entraînant, la musique de Monk est pleine de dissonances, de silences, de cassures. Il part sur une mélodie, l’explore, s’arrête brusquement, y revient sous un autre angle harmonique. Il attaque les notes, les abandonne, les reprend ailleurs sur le clavier, hésite à terminer une phrase. Et pourtant, derrière toutes ses bizarreries, il maintient un rythme entêtant.
Antoine Hervé fait des improvisations étincelantes au piano. Quand il parle, c’est un peu pareil : il annonce un thème, le développe, l’orne d’anecdotes, le retourne, l’abandonne, y revient pour conclure. Cela fait que tout dans la soirée est du jazz, en musique comme en paroles.
Il reviendra une dernière fois pour parler de Keith Jarrett, puis nous manquera.
L'Union
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