11/05/2013

Le long enfermement de Camille Claudel

Camille Trouvé a fabriqué la marionnette
de Camille Claudel qu’elle manipule.
C’est le geste le plus éloquent de « Les mains de Camille » au Mail : dans une débauche de papier froissé, Camille Claudel pétrit et arrache l’argile simulée, et il en émerge un pied humain, d’autant plus parfaitement formé que c’est celui de la marionnettiste. Pour un sculpteur, le corps d’art est aussi vivant que le vrai corps. Camille Claudel, manipulée par la marionnettiste Camille Trouvé, est elle-même en papier, avec cette approximation à la réalité qui rend les marionnettes émouvantes, parce qu’elles font appel à l’imagination pour exister.
Le public scolaire est mis en scène aussi.
    La pièce met en scène le long internement psychiatrique du sculpteur, en revenant constamment sur son passé de créateur et sa déchéance, enfiévrée par sa propre créativité et la désapprobation de son métier considéré peu féminin. Son enfermement est ponctué par les échanges avec son implacable mère, et avec son frère Paul, tiède au point de la laisser mourir à l’asile.
    La production est d’une ingéniosité éblouissante. Pour commencer, le public est amené sur scène par une porte de sortie d’urgence, et s’assied sur de jolies banquettes en demi-cercle face à la salle. L’ordre est bousculé. La scénographie est pleine d’astuces, cordes, rideaux, accessoires, projecteurs, que manipulent quatre comédiennes en pleine vue des spectateurs. L’illusion théâtrale sera d’autant plus forte qu’elle est transparente.
L'Union

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