05/06/2013

Je t’aime, moi non plus

Bruno Blairet est Benedict, tonnant contre le mariage.
Parfois ça vaut vraiment la peine d’aller au théâtre ! Le spectateur se joint alors à un rite qui fête la nature humaine, ses joies, peurs, absurdités. « Beaucoup de bruit de rien » de Shakespeare, jouée au Mail, appartient à cette catégorie de spectacles. La mise en scène de Clément Poirée est infiniment souple, sans parti pris ni de style ni d’époque. Les comédiens sont généreux. Surtout, aucune des astuces ni trouvailles ne prend le pas sur le texte. Il est respecté à tout moment, et le mérite. Même en français, la langue de Shakespeare est scintillante d’esprit, d’inattendus, de vulgarité vivifiante et d’ironie.
    Béatrice et Benedict, qui commencent par se détester, sont un avatar de tous les couples ennemis, dont notamment le cinéma est friand, condamnés à finir amoureux. Au début, Béatrice porte des vêtements d’homme, et Benedict un kilt. Loin de brouiller les genres, ils accentuent la féminité de l’un, la virilité de l’autre. Une histoire d’amour, alors ? A peine : chacun, leurré par son entourage, se croit aimé de l’autre, c’est tout. Ces fortes personnalités se supporteront-elles ? Rien n’est moins sûr.
    L’ouverture de la scène est entourée d’un cadre noir et or. Encadre-t-il un tableau ? Plutôt un miroir. Le spectateur est invité à y voir le bruit qu’il fait lui-même autour des dévoiements de l’amour, c'est-à-dire pour rien.
L'Union

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