09/10/2013

La musique pour survivre

Pascal Amoyel et Emmanuelle Bertrand après leur récital au Mail.
Sur un ton insouciant qui s’avérera déplacé, Emmanuelle Bertrand au violoncelle et Pascal Amoyel au piano commencent leur récital avec un air romantique plutôt rabâché, «Liebesfreude » de Kreisler. Ils nous plongent ensuite dans un répertoire sublime mais sombre, et qui se détourne des harmonies et rythmes convenus de la musique classique.
    « Block 15 » est basé sur le témoignage de deux détenus d’Auschwitz, Anita Lasker Wallfisch et Simon Laks. Ils ont survécu parce qu’ils étaient musiciens dans l’orchestre du camp, avec un statut privilégié, mais soumis à une discipline digne d’un grand orchestre. Fins musiciens et accomplis comédiens, Emmanuel Bertrand et Pascal Amoyel alternent récit et musique.
    Bach, Bloch, Amoyel lui-même, Messiaen : les compositeurs cernent le tragique, la tristesse de la condition humaine, que transcende pourtant la musique. Les humiliations et cruautés subies n’assourdissent jamais la musique.
    D’un métier ou d’une distraction, la musique devient un moyen de survie. Anita et Simon ont survécu grâce à leur talent, mais aussi par la musique qui les portait. « Block 15 » illustre cette vérité en accordant la priorité à la musique, d’autant plus intensément que c’est un récital plus qu’un spectacle.
    Comme un retour à une banalité qui recouvrirait les horreurs vécues dans les camps, le récital termine là où il avait commencé, dans la joyeuseté de la valse de Kreisler.
L'Union

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