09/11/2013

Les guindés se déguindent

Nous laissons nos affaires et montons sur la scène du Mail. Un maître d’hôtel nous place sur les chaises qui entourent le plateau, nous sert une flûte et de petits canapés. L’ambiance est mondaine, voire guindée. Un danseur esquisse quelques pas devant nous, se confondant en gestes d’amabilité. Seule tache au tableau : une danseuse assise sur le canapé se cache derrière sa plante verte. Sa timidité vaut en fait un refus du jeu social qui l’entoure et, lorsqu’elle émerge, elle poursuit sans retenue sa vie de couple avec son partenaire. Lui ne peut que s’y prêter, tout en tentant de garder les formes pour nous. Bouderies, violences, réconciliations et sociabilité : le ballet « Canapé(s) » illustre brillamment les démarches contrastées masculine et féminine, dont le côté « m’as-tu vu » de l’homme, l’obstination de la femme.
Entre Vincent Huet et Emmanuelle Gouiard,
le chorégraphe Benoît Bar répond
 aux questions après le spectacle.
    Le ballet se termine par un grand pas de deux, extatique autant que décalé. Les spectateurs ne sont plus un frein mais une source de complicité. Le discret maître d’hôtel – qui s’avère être le chorégraphe de la pièce, Benoît Bar – est atteint par ce paroxysme, et se met à guincher derrière son buffet, en balançant des paquets de fleurs sur le couple.
    Ce trajet, qui part des superficialités de la mondanité pour arriver à une intimité partagée, toujours sur le ton de la légèreté et l’humour, explore les relations homme-femme avec une profondeur inattendue. Les danseurs ne ratent aucune mimique, aucune émotion.
L'Union

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.