22/01/2014

Alfredo Arias : l'épaisseur d'une paillette

Alfredo Arias et Andrea Ramirez
découpent un film sur la viande argentine.
Soissons a eu la chance d’être le point de départ d’une tournée nationale du double spectacle d’Alfredo Arias, « Hermanas » et « Cinélandia », créé en 2012. Avec la reprise de vieux tubes du music-hall mondial, suivie d’une évocation du cinéma argentin, allions-nous passer une longue soirée au Mail entre nostalgie et exotisme, commentés par Arias lui-même ? Ses premiers mots ont fait entendre un autre registre, signature de cet Argentin depuis sa venue en France dans les années soixante, et que définit précisément le mot anglais « camp ». Il s’agit de s’écarter, avec une ironie narquoise et cabotine, des formes théâtrales conventionnelles. La légèreté de ton adoptée par Arias pour présenter la soirée, avec un air à la fois enthousiaste, taquin et désabusé sous son petit chapeau mou, en est un fin exemple. Quand le style échappe à la mesure, on arrive au vaudevillesque des « drag queens » ; avec Arias, l’écart ne dépasse pas l’épaisseur d’une paillette. Cela suffit pour relever les clichés des numéros de music-hall du premier spectacle.
Alejandra Radano et Antonio
Interlandi, les amants aux camélias.
    Alejandra Radano, Sophie Tellier et Antonio Interlandi interprètent les succès de Joséphine Baker, Gainsbourg et autres stars, avec cette pointe complice de dérision. Les costumes aussi flirtent avec l’absurde.
    Dans le second spectacle, où Andrea Ramirez rejoint les autres, Alfredo Arias parle au public dans le creux de l’oreille pour pointer l’absurdité des mélos argentins qui ont marqué sa jeunesse. « Le drame c’est pour les dieux grecs ; le mélodrame pour les Argentins » : le dense accent d’Arias est un spectacle sonore à lui tout seul.
    D’une version actualisée de « La dame aux camélias » à un réjouissant porno qui a lieu dans un abattoir, Arias maintient le ton irrévérencieux. Vu par lui, c’est presque une leçon de vie : regarder le monde avec de grands yeux innocents puis, quand on s’y attend le moins, lui faire un clin d’œil. Voilà le « camp » tel que le prêche Alfredo Arias.
L'Union

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