16/01/2014

Le retour du grand blond sur ses pas

Une longue carrière réussie au cinéma donne une patine au corps d’un acteur : voilà que son visage, ses cheveux, son allure restent reconnaissables entre tous tout en changeant avec le passage du temps. Cela explique le frisson qui parcourt une salle lorsqu’il arrive en personne sur la scène, sa vraie peau soudain découverte.
    Pierre Richard est l’éternel malhabile, victime le long de sa vie cinématographique de toutes les chutes, tous les accidents, tous les cafouillages, toutes les inepties. Il est venu au Mail avec le troisième de ses spectacles autobiographiques, sous le joli titre concis « Pierre Richard III » – même s’il n’a rien du malin roi bossu de Shakespeare. Rester sympathique a été son fond de commerce.
    Il a surtout raconté ses rencontres et tournages. Des noms célèbres tombent comme des grêlons pendant un orage : Depardieu revient souvent, sa démarche éléphantesque, sa voix traînante d’une légèreté inattendue. Le bouquet a été l’histoire d’une mise en scène théâtrale pendant laquelle tout ce qui pouvait foirer l’a fait – comme dans un film de Pierre Richard, mais où c’est fait exprès.
    Pendant plus d’une heure, assis dans son fauteuil pour la projection d’extraits de ses films, ou se promenant de long en large, Pierre Richard a tenu le public dans sa main. Il reste un comédien, jouant un texte plein d’humour – exploit de mémoire à presque quatre-vingts ans. Il n’atteint pas l’intimité du conteur semblant découvrir lui-même ce qu’il raconte au public comme à un ami.
    A la fin, il est revenu pour de nombreux rappels, sans se prendre une seule fois les pieds dans un câble de projecteur ni tomber dans la fosse d’orchestre. Autre exploit pour le personnage.
L'Union

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