22/05/2014

Quand le train-train quotidien déraille

La voisine (Anne-Cécile Tune)
 occupe le coin cuisine.
Les projecteurs éclairent un intérieur lamentablement banal : table et chaises, placards, coin cuisine. Un homme affalé dans un fauteuil se lève, allume la radio, vérifie sa coiffure dans la glace, se remplit un verre, le touille, le boit. Ses gestes sont amplifiés, formalisés, d’une grâce saccadée. Le train-train quotidien est sur les rails.
    La compagnie Arcosm a joué « Traverse » deux fois au Mail, pour les scolaires puis les adultes : après tout, pour le chorégraphe Thomas Guerry et le musicien Camille Rocailleux, créateurs de ce mélange de mime, danse, bruitages et musique, « un bon spectacle pour enfants doit être un bon spectacle pour tous ».
Un dîner extravagant.
    On tambourine à la porte, une voisine fait irruption, dérange tout, repart. Deux hommes apparaissent, disparaissent, et enfin tous les trois, voisins réels ou imaginés, font dérailler la vie étriquée du locataire, envoyant valser toutes ses routines. Ses premiers gestes persistent, mais repris, élargis, transformés de tics suintant l’ennui en grands mouvements chorégraphiés. Les quatre se concertent, se bousculent, entrent et sortent par les portes, les placards, les armoires. Un portrait décroché du mur est retourné pour faire apparaître une nappe, des assiettes, des couverts, des verres. Un repas extravagant s’engage.
    A la fin, décor et accessoires rangés, les lumières baissent sur les quatre convives qui remplissent chacun un verre, le touillent, le boivent. Pour le public, le geste est devenu un vieil ami. La monotonie de l’existence est abolie, le temps d’un rêve ou d’une révolution.
L'Union

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