10/06/2014

La mort s’invite en fin de saison au Mail

Il flottait un parfum de fin de saison au Mail pour « J’ai couru comme dans un rêve ». L’annulation d’une pièce avec les Bohringer père et fille pour cause de maladie fait de ce spectacle le dernier au Mail. Il reste deux grands concerts dans d’autres salles, mais Jean-Marie Chevallier, le directeur, pouvait dire « C’est la fin » avec le ton de celui qui a mené un programme culturel intense depuis la rentrée 2013. Même le public semblait déjà sur le départ, peu nombreux pour une pièce qui porte pourtant la puissance et l’intelligence du théâtre.
Les idées de mise en scène émergent
d’une longue recherche collective.
    Elle raconte le dernier temps de vie de Martin, atteint d’une tumeur foudroyante. Loin d’aller vers la clarté et la paix, il se trouve « dans un labyrinthe », bousculé par toutes les forces que la mort suscite en lui et autour de lui. Peur, amour, abandon, érotisme, rire prennent forme à travers les sept comédiens, dans un jet continu d’idées, de trouvailles, de mots et de mouvements.
    La compagnie « Les sans cous » fait penser au Théâtre du soleil. Chaque acteur assume son rôle individuel jusqu’à en faire « une métaphore » selon le terme d’Ariane Mnouchkine. Mais ils se sont investis autant dans une longue recherche collective. Ces personnages finement campés, cette intense créativité partagée font sourdre l’émotion dans la salle. Voir Martin, agonisant, tenir son bébé est bouleversant, et la cérémonie qui entoure sa mort est sublime. Il rencontre une jeune femme qui s’avère avoir été ce bébé : nous y dépassons le réalisme pour atteindre le mythe de la vie qui se perd et renaît, de génération en génération.
L'Union


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