Elisabeth Bernard est devenue militante
pour la première fois dans le Mouvement Français du Planning Familial, au cours
des années soixante-dix. Née dans le
Nord, étudiante puis assistante sociale à Lille, elle s’est engagée dans « une
lutte pour changer les mentalités » et offrir aux femmes des moyens
contraceptifs. A présent, chaque hôpital a un service de planning familial.
Un autre combat commence en 1985
quand, travaillant dans un hôpital à Amiens, elle bute sur les craintes et la
discrimination autour d’une maladie nouvelle, le Sida. Elle devient volontaire
de l’association Aides. « Le manque de temps m’a obligée à refuser la
demande de Daniel Defert, fondateur de Aides, de créer un ‘pôle enfants’. Et j’avais mes propres jeunes enfants. »
Elisabeth
essaie l'enseignement au Lycée St Rémy de Soissons mais, « en manque du
terrain », rejoint l’AMSAM et crée un service d’insertion des femmes
comme aides ménagères.
Brusquement,
elle est happée par un combat personnel. En 2000 un cancer du sein, longtemps
soupçonné, est enfin diagnostiqué (« Avec le Plan Cancer actuel" dit‑elle
« j'aurais eu moins de problèmes, moins de dégâts, un traitement moins
lourd »). Elle aurait pu se replier sur elle-même, abandonner les
luttes. « Mais j’étais bien entourée, sans difficultés financières, et
puis je ne me laissais pas faire ‑ j’ai refusé de commencer ma
première séance de chimiothérapie si les infirmières et le médecin ne se
mettaient pas d’accord : oui ou non j’allais perdre mes cheveux ? ‑ ,
et j’ai voulu me battre contre le désarroi et l’isolement d’autres qui avaient
moins de chance. »
En 2002 , avec son mari Christian, elle fonde
l’Association Vie et Cancer. « Le
cancer est tellement lié à l’idée de la mort, et nous voulions y mettre la vie. » AVEC offre un lieu d’accueil, d’écoute et
d’entraide pour les personnes atteintes et leurs proches.
« Le Nord‑Pas de Calais a une
tradition associative, de solidarité spontanée. Dès qu’il y a un
dysfonctionnement dans la société, je deviens combative. J’aime le travail bénévole : il y a plus
de démocratie, de liberté d’action, moins d’hiérarchie, tu as des contraintes
mais pas d’objectifs financiers. »
Elle a repris son travail à plein
temps en mai. Mais son cancer a changé
quelque chose. « J’ai eu du mal
à acheter mon billet d’avion pour un mariage de famille au Brésil. Comment
savoir si je serais encore là pour m'en servir ? » Ce raccourcissement des perspectives
ne l'empêchent pas d’envisager le prochain combat. La politique l’attire :
« J'ai envie d'agir, de prendre part aux décisions. »
Elisabeth Bernard raconte ses
engagements avec le sourire, militante assez expérimentée pour savoir qu’on
convainc plus par l’amabilité que par les empoignades.
AVEC, 2 rue Deflandre, Soissons. Tél. 06 76 65 51 96
L'Union
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