27/10/2004

Elisabeth Bernard, des combats pour la vie

Elisabeth Bernard est devenue militante pour la première fois dans le Mouvement Français du Planning Familial, au cours des années soixante-dix.  Née dans le Nord, étudiante puis assistante sociale à Lille, elle s’est engagée dans « une lutte pour changer les mentalités » et offrir aux femmes des moyens contraceptifs. A présent, chaque hôpital a un service de planning familial.
    Un autre combat commence en 1985 quand, travaillant dans un hôpital à Amiens, elle bute sur les craintes et la discrimination autour d’une maladie nouvelle, le Sida. Elle devient volontaire de l’association Aides. « Le manque de temps m’a obligée à refuser la demande de Daniel Defert, fondateur de Aides, de créer un ‘pôle enfants’.  Et j’avais mes propres jeunes enfants. »
    Elisabeth essaie l'enseignement au Lycée St Rémy de Soissons mais, « en manque du terrain », rejoint l’AMSAM et crée un service d’insertion des femmes comme aides ménagères.
Brusquement, elle est happée par un combat personnel. En 2000 un cancer du sein, longtemps soupçonné, est enfin diagnostiqué (« Avec le Plan Cancer actuel" dit‑elle « j'aurais eu moins de problèmes, moins de dégâts, un traitement moins lourd »). Elle aurait pu se replier sur elle-même, abandonner les luttes. « Mais j’étais bien entourée, sans difficultés financières, et puis je ne me laissais pas faire ‑ j’ai refusé de commencer ma première séance de chimiothérapie si les infirmières et le médecin ne se mettaient pas d’accord : oui ou non j’allais perdre mes cheveux ? ‑ , et j’ai voulu me battre contre le désarroi et l’isolement d’autres qui avaient moins de chance. »
    En 2002 , avec son mari Christian, elle fonde l’Association Vie et Cancer.  « Le cancer est tellement lié à l’idée de la mort, et nous voulions y mettre la vie. »       AVEC offre un lieu d’accueil, d’écoute et d’entraide pour les personnes atteintes et leurs proches.
« Le Nord‑Pas de Calais a une tradition associative, de solidarité spontanée. Dès qu’il y a un dysfonctionnement dans la société, je deviens combative.  J’aime le travail bénévole : il y a plus de démocratie, de liberté d’action, moins d’hiérarchie, tu as des contraintes mais pas d’objectifs financiers. »
    Elle a repris son travail à plein temps en mai.  Mais son cancer a changé quelque chose.  « J’ai eu du mal à acheter mon billet d’avion pour un mariage de famille au Brésil. Comment savoir si je serais encore là pour m'en servir ? » Ce raccourcissement des perspectives ne l'empêchent pas d’envisager le prochain combat. La politique l’attire : « J'ai envie d'agir, de prendre part aux décisions. »
    Elisabeth Bernard raconte ses engagements avec le sourire, militante assez expérimentée pour savoir qu’on convainc plus par l’amabilité que par les empoignades.

AVEC, 2 rue Deflandre, Soissons. Tél. 06 76 65 51 96
L'Union

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