08/12/2004

Catherine Vandeputte danse en Irlande

A douze ans Catherine Vandeputte, née dans une ferme qui domine le hameau de Dhuizy, à Serches, voulait être professeur de ballet. « Mais déjà, alors que j’aimais les « sauts, j’appréciais moins les développés, les arabesques ». D’où son goût pour la danse « solo » irlandaise. 
   Trois grandes préoccupations des Irlandais sont les chevaux, la danse et la politique, parfois emmêlées. Au siècle dernier, les Irlandais dansaient partout, dans les salles et dans les salons, dans les séjours et même aux carrefours. Comme la langue irlandaise, la danse devient un enjeu du sentiment national naissant. Des conflits surgissent pour distinguer la culture « nationale » de l’« étrangère ». La « set dancing », les danses d’ensemble, est stigmatisée (« set » viendrait du mot français « suite », quel sacrilège !) avant d’être enfin acceptée, alors que la danse solo, qui peut faire penser aux pieds d’un cheval au galop, appartient depuis toujours au patrimoine dansé.
    En entendant la musique irlandaise pour la première fois, Catherine demande seulement « On ne peut pas danser là‑dessus ? », et part dans de longues études scientifiques, à Reims et à Nancy, où elle finit sa thèse de pharmacologie. Là, elle a une révélation devant le spectacle « Lord of the Dance ». Elle part à Dublin pour faire de la recherche, mais prend aussi des cours de danse. Elle vit la complexité des relations avec des îliens. « En France on se fait volontiers la bise. Les Irlandais n’ont pas cette facilité, mais si on vous accepte, on vous prend carrément dans ses bras. Curieusement, c’est après mon départ que j’ai été acceptée. Ils étaient sûrs que je ne penserais plus à eux, et quand ils m’ont vue revenir ils ont compris que j’aimais l’Irlande ».
    Au retour de Dublin en 2002, et après un intermède dans une école au Rwanda, elle prend le grand tournant, abandonne la science et fonde l’association Attchoo Dancin’ the World. Elle donne des cours de set dancing un peu partout. Depuis janvier, pour être qualifiée par l’association Cumann Rince Gaelach, elle s’envole tous les deux mois, pour deux heures de cours avec sa professeur, Jackie Kiernan.
    La danse solo dont Catherine fait l’apprentissage fige le torse et concentre tout mouvement aux pieds, qui sautent, qui trépignent, qui tambourinent. Elle est faite, non pas pour distraire, mais pour éblouir. La compétitivité en fait partie intégrale. « Danser c’est comme se battre » dit un pratiquant.
    Au fait, Catherine ne fait que répondre à une invitation, lancée au 13e siècle par un poète, et répétée par Mary Robinson, ex‑Présidente d’Irlande, dans son discours d’inauguration en 1990 : « Venez danser avec moi en Irlande ».
L'Union

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.