01/12/2004

Journée mondiale de lutte contre le Sida 2004 : faire le test


L’avenue qui monte de la Place de la République à la gare est longue. Plus longue à pied. Encore plus longue quand il faut s’arrêter en chemin. J’ai décidé de passer le test de dépistage du Sida à l’Hôpital.
Derrière les portes coulissantes des panneaux de signalisation me guident jusqu’au centre de dépistage. En prenant rendez‑vous au secrétariat, je n’ai à donner que mon prénom. Cela assure mon anonymat, mais il a son prix : j’ai le sentiment de me cacher à moitié.
Deux jours plus tard, j’attends ma consultation. Quelqu’un que je connais à l’hôpital passe dans le couloir, me salue. « T’es pas là pour quelque chose de grave ? » Elle doit savoir, au moins je l’imagine, la raison. Faire le test du Sida est facile, rapide, indolore, et gratuit. N’empêche qu’à chaque fois c’est un petit ou grand acte de courage et d’honnêteté.
Le médecin vient me chercher, seul au milieu des chaises, donc sans devoir m’appeler, et me reçoit dans un bureau. Il m’interroge. « Avez-vous pris des risques depuis trois mois, des rapports sexuels non‑protégés ? Un préservatif qui a craqué ? Utilisation de seringues ? Même partenaire sexuel ? » Je réponds à chaque question, dans la nudité de cette petite salle où nous abordons mon intimité.
Il m’explique le sens du test, qui est surtout de détecter les anticorps qui seraient générés par la tentative de mon corps de se défaire du virus du Sida, le VIH. Le virus lui‑même ne pourrait être mesuré que bien plus tard. Je suis apaisé par son calme médical. Il répond à mes questions. La consultation n’est pas longue, mais elle n’est pas hâtive. Si les résultats du test fait par le laboratoire sont négatifs, et si je n’ai pas pris de risques, les choses s’arrêteront là, et je serai « séronégatif ». En cas de risque, je repasserai le test dans trois mois, ignorant entre‑temps mon « état sérologique », avec d’éventuelles complications pour la vie de couple. Dire/cacher la situation à mon/ma partenaire ?
Si les résultats sont positifs, l’échantillon subira une autre analyse, la « Western blot », pour confirmer ou infirmer la première. En cas de confirmation, je suis « séropositif », porteur de virus du Sida, qui ne me quittera pas. La question de traitement se posera alors, quand et lequel, parmi les nouvelles polythérapies, efficaces mais parfois lourdes d’effets secondaires.
Nous prenons date pour la remise des résultats, puis je m’allonge un instant dans la salle à côté. Une infirmière fait une prise de sang, presque sans que je m’en aperçoive, et je me retrouve déjà dehors. M’éloigner de l’hôpital ne raccourcit pas l’avenue. « A mercredi » m’avait dit le médecin. Il m’annoncera les résultats le 1er décembre à 9h30.

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