Imaginez les coureurs du Tour
de France, mais chacun avec un porte‑bagages derrière, et sa femme, un enfant
ou un sac à provisions dessus. C’est le sort des motards comme Paul Meignen de
Soissons, se trouvant un jour mari et père. « Nous faisions de la moto,
mais ma femme Christiane accumulait tant de bagages qu’on est allé acheter un
sidecar ». Ignorant les techniques de conduite, ils s’enfoncent dans
le premier arbre venu, et rentrent en train.
Paul
est né près de Nantes dans une région anciennement bretonne, et il affiche sa
fierté de breton sur son sidecar – en breton, bien sûr. Il se dit anarchiste,
opposé à toutes les institutions. Est-ce héréditaire ? « Mon grand-père était garde‑champêtre,
habitait au‑dessus de la mairie, et utilisait comme papier toilette les
bulletins de vote des perdants aux élections ». Résultat : « Je n’ai jamais voté ».
Fidèle à ses principes, il a toujours
fait le minimum, mais assez pour être reçu au concours des PTT. Après la
période obligatoire à Paris, en 1973 il prend une place à Soissons dont
personne ne voulait. « J’ai aimé du premier coup, et je ne suis jamais
reparti ».
Il s'occupe de téléalarmes pour les personnes âgées et fragiles, et s’entend bien avec elles, car en 1987 il a un terrible accident en sidecar. Après quatre mois dans le coma, il s’éveille sans savoir qu’il a femme et enfants, et il reste diminué physiquement. Christiane n’a jamais voulu remonter ; mais Paul garde le sidecar, en souvenir de leurs virées ensemble, et parce qu’il aime l’adresse qu’il faut. « Comme le sidecar fait poids mort, tu accélères pour tourner à droite, le sidecar traîne et aide la manœuvre. Pour tourner à gauche tu freines, et le sidecar entraîne l’attelage vers la gauche.»
Il s'occupe de téléalarmes pour les personnes âgées et fragiles, et s’entend bien avec elles, car en 1987 il a un terrible accident en sidecar. Après quatre mois dans le coma, il s’éveille sans savoir qu’il a femme et enfants, et il reste diminué physiquement. Christiane n’a jamais voulu remonter ; mais Paul garde le sidecar, en souvenir de leurs virées ensemble, et parce qu’il aime l’adresse qu’il faut. « Comme le sidecar fait poids mort, tu accélères pour tourner à droite, le sidecar traîne et aide la manœuvre. Pour tourner à gauche tu freines, et le sidecar entraîne l’attelage vers la gauche.»
Le
passager néophyte, à côté de Paul, a la sensation d’être assis sur la chaussée,
mais en avançant à la vitesse du son, au point d’en descendre surpris de
trouver son fond de pantalon intact.
L’année dernière, Paul a publié
un récit de son voyage chez les sidecaristes japonais, « Popaul au pays du
soleil levant » , un torrent de mots, d’informations et d’anecdotes,
dont le lecteur émerge commotionné mais avec une forte sympathie pour l’auteur.
Paul illustre la légende qui
veut que le milieu moto soit solidaire, généreux, et indécrottablement
masculin. L’ajout d’un sidecar n’en change que les obligations. Les femmes sont
incomparablement délicieuses – elles vous donnent même des enfants – mais quand
il est temps de larguer les amarres, il faut caser tout ça pour le grand
voyage.
En 1997 Paul lance le premier
« Jumbo run » dans le Soissonnais, qui consiste à accompagner des
personnes handicapées pour voir du pays. « J’aime rouler »
dit-il. Voilà le secret. Un automobiliste roule vite pour arriver, un motard
roule vite pour aller plus loin.
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