Sylvaine Zywicki a un tel instinct
d’effacement qu’elle est réticente même à raconter ses engagements. « Etre
là quand il y a besoin, pas là autrement » : elle résume ainsi sa
position.
A Ambrief,
village d’une vingtaine de foyers posé sous le bord du Tardenois au‑dessus de
la vallée de la Crise, Sylvaine passerait bien tout son temps avec sa famille
et ses animaux. Seuls quelques combats interrompent l’idylle.
Ses
parents, originaires de la Meuse, viennent travailler près de Château Thierry.
Sylvaine, la plus petite des enfants, aime se promener seule dans une campagne
qu’uniformise l’avancée du vignoble. « A l’école, je pleurais si l’on
m’adressait même la parole ». Un grand frère, invité à la bagarre à la
sortie des classes, se désole : « Je ne peux pas me battre, ma
petite sœur va pleurer ! ».
La
timidité disparaît pourtant lorsqu’elle voit une injustice. Au lycée, elle
proteste un jour contre le harcèlement d’une élève par une surveillante pendant
l’étude. « La pionne est partie en pleurant ; comme punition je
devais surveiller l’étude à sa place ». Elle regrette aussitôt avoir
raconté cet épisode qui la met en valeur. « Je suis rebelle et effacée,
je construis pour effacer ensuite ».
Encore
adolescente, elle part brusquement pour travailler et mener sa vie à Paris.
« Tout pouvait m’arriver ». Elle ne veut pas détailler cette
période.
Venue à
Soissons pour travailler, Sylvaine s’installe ensuite à Ambrief avec son mari
Franz et leurs enfants. Leur vie de famille doit bientôt faire une place à son
action de parent d’élève. Présidente du comité local FCPE à une période
conflictuelle, elle se montre redoutable tacticienne. Elle explique :
« Enfant, quand je ne comprenais pas, je m’acharnais à observer. Ça m’a
faite ce que je suis ». Le travail fait, la continuité assurée, elle
retourne à ses chèvres.
Une
nouvelle cause la sort de sa retraite. « Des amis hébergeaient
quelqu’un qui mourait du Sida. Je suis restée seule avec lui un jour, mais
frustrée de ne pas savoir faire un pas de plus en sa direction ». Elle
rejoint l’association locale Soutiens‑Sida, et entreprend l’écoute et
l’accompagnement des usagers. Une formation l’aide à comprendre les besoins. Il
s’agit, non pas de donner des conseils ou proposer des solutions, mais d’être
attentif à la personne, l’accompagner sur un chemin qu’elle est seule à
choisir. Être présent, sans se mettre en valeur, sans brusquer. « Je
suis à l’aise en faisant les visites » dit Sylvaine. «
J’oublie le reste ».
C’est peut‑être
dans cette action modeste que Sylvaine Zywicki a pu concilier son goût pour la
solitude et la force qui la pousse à affronter les souffrances. « Les
mauvaises choses ne doivent pas rester inutiles ».
L’Union
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