12/01/2005

Sylvaine Zywicki entre l’effacement et l’action


Sylvaine Zywicki a un tel instinct d’effacement qu’elle est réticente même à raconter ses engagements. « Etre là quand il y a besoin, pas là autrement » : elle résume ainsi sa position.
A Ambrief, village d’une vingtaine de foyers posé sous le bord du Tardenois au‑dessus de la vallée de la Crise, Sylvaine passerait bien tout son temps avec sa famille et ses animaux. Seuls quelques combats interrompent l’idylle.
Ses parents, originaires de la Meuse, viennent travailler près de Château Thierry. Sylvaine, la plus petite des enfants, aime se promener seule dans une campagne qu’uniformise l’avancée du vignoble. « A l’école, je pleurais si l’on m’adressait même la parole ». Un grand frère, invité à la bagarre à la sortie des classes, se désole : « Je ne peux pas me battre, ma petite sœur va pleurer ! ».
La timidité disparaît pourtant lorsqu’elle voit une injustice. Au lycée, elle proteste un jour contre le harcèlement d’une élève par une surveillante pendant l’étude. « La pionne est partie en pleurant ; comme punition je devais surveiller l’étude à sa place ». Elle regrette aussitôt avoir raconté cet épisode qui la met en valeur. « Je suis rebelle et effacée, je construis pour effacer ensuite ».
Encore adolescente, elle part brusquement pour travailler et mener sa vie à Paris. « Tout pouvait m’arriver ». Elle ne veut pas détailler cette période.
Venue à Soissons pour travailler, Sylvaine s’installe ensuite à Ambrief avec son mari Franz et leurs enfants. Leur vie de famille doit bientôt faire une place à son action de parent d’élève. Présidente du comité local FCPE à une période conflictuelle, elle se montre redoutable tacticienne. Elle explique : « Enfant, quand je ne comprenais pas, je m’acharnais à observer. Ça m’a faite ce que je suis ». Le travail fait, la continuité assurée, elle retourne à ses chèvres.
Une nouvelle cause la sort de sa retraite. « Des amis hébergeaient quelqu’un qui mourait du Sida. Je suis restée seule avec lui un jour, mais frustrée de ne pas savoir faire un pas de plus en sa direction ». Elle rejoint l’association locale Soutiens‑Sida, et entreprend l’écoute et l’accompagnement des usagers. Une formation l’aide à comprendre les besoins. Il s’agit, non pas de donner des conseils ou proposer des solutions, mais d’être attentif à la personne, l’accompagner sur un chemin qu’elle est seule à choisir. Être présent, sans se mettre en valeur, sans brusquer. « Je suis à l’aise en faisant les visites » dit Sylvaine. «  J’oublie le reste ».
C’est peut‑être dans cette action modeste que Sylvaine Zywicki a pu concilier son goût pour la solitude et la force qui la pousse à affronter les souffrances. « Les mauvaises choses ne doivent pas rester inutiles ».
L’Union

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