Qu’est qui peut transformer la peur
de la mort en désir d’en finir avec la vie ? C’est au tournant dangereux
où l’instinct de survie est submergé par les pulsions suicidaires que Catherine
Loche se tient prête.
« Mes
trois filles grandissaient au collège et au lycée, et me parlaient de
camarades qui n’allaient pas bien. » Après une longue réflexion -
« je n’aime pas faire les choses à moitié » - elle propose
d’établir à Soissons un relais de Phare Enfants‑Parents. Cette association agit
contre le suicide des jeunes, deuxième cause de mortalité pour les moins de 24
ans, après les accidents de la route, et première cause pour les 24‑35 ans.
La
confiance qui permet à ses enfants d’évoquer les sujets sombres est fondée dans
un drame de famille. A trois ans, la fille aînée de Catherine est tuée dans un
accident de la route. Le mal abominable est accru par le flou des
responsabilités. « Des gens m’accusaient carrément. » Elle
quitte un temps sa famille, ce qui amène d’autres reproches. Suivent des années
d’effort. Un jour, elle se rend compte que distribuer des blâmes c’est plus
qu’injuste, c’est une perte de temps. Elle redevient capable de faire face aux
difficultés. « Qui est responsable ? On s’en fiche. C’est mon
histoire, point final ! » Elle en tire une capacité d’aider les
autres sans les juger, principe premier d’une action associative.
Née à
Laon, d’un père venu de la Corrèze et d’une mère laonnoise, Catherine a été
parent d’élève FCPE, et a participé à la lutte contre le Sida, avant de
rejoindre Phare en 1998, et partager son action contre « l’autodestruction
des jeunes. » Elle propose des séances de sensibilisation, par exemple à la
Maison Familiale Rurale d’Ambleny, de soutien d’élèves après un suicide, ou du
soutien personnel aux suicidaires.
« Ce travail a un coût énorme en
énergie. » Même se tenir prudemment à distance de la situation,
« c’est tout un travail aussi. » A présent, Catherine hésite à
poursuivre son engagement. Son travail de fonctionnaire l’accapare de plus en
plus et, il faut le rappeler, elle « n’aime pas faire les choses à
moitié. » Encore beaucoup de réflexion avant de décider.
Comment
réagir au téléphone à celui qui annonce « Je n’en peux plus, je me tire
une balle dans la tête » ? Catherine répondrait peut‑être « Qu’est‑ce
qui vous amène à cela ? » Ecoute attentive, sans « bons
sentiments », ni morale ni jugement. Mais sans détachement aussi :
« Ils font parfois écho à ma propre peine. »
Un phare
prévient des dangers qui l’entourent par la lumière qu’il projette. Catherine
offre un nouvel éclairage sur des peines longtemps rassasiées dans la solitude.
La lumière de l’accompagnement contre le noir de la désespérance.
L’Union
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