Primée aux Molières, « L’hiver sous la table », comédie de Roland
Topor créée en 1996, s’est jouée au Centre Culturel à guichets fermés.
L’instinct humanitaire est satisfait. Mais
l’humain, c'est-à-dire le désir, est écarté. Florence est affriolante, enjouée,
vivace, ouverte. Elle étend ses jambes, cherche un bouton perdu dans son
soutien-gorge devant son locataire. Innocente ? Elle est capable de
repousser les avances de son éditeur (Eric Prat) avec une fermeté expérimentée.
Plutôt inconsciente : elle ne peut pas voir, en ce clandestin objet de sa
gentillesse, un mâle. Drago l’homme reste invisible.
Attiré par les jambes qui partagent son intimité,
les pieds chaussés de talons hauts, hameçons auxquels les hommes se ferrent si
souvent, Drago se cantonne dans un respect humble – à la différence de son
cousin violoniste Gritzka (Liviu Badiu), venu le rejoindre et qui regarde sous
la jupe, le vilain.
La pièce trouve une fin heureuse par une pirouette
qui frise l’indécence : ayant quitté son sous‑logement, le réparateur
devient dessinateur de chaussures, riche et célèbre. Il revient voir sa logeuse – qui se jette
dans ses bras friqués. La réussite rend enfin sa visibilité à Drago.
Les pièces de Topor, comme ses dessins, utilisent
la dérision et les fantasmes, pour faire rire et pour déranger, mais aussi pour
contester les puissants, qui refoulent sous la table tout ce qui ne s’accorde
pas à leur vision du monde.
Les acteurs après le spectacle : (de gauche à droite) Isabelle Carré, Eric Prat, Dominique Pinon, Guilaine Londez et (devant) Liviu Badiu.
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