« Tout baigne. »
Le ton des échanges est choisi dès le début, dynamique, rieur. Le sport prend
une grande place dans le discours de Martine Ponssard, devant l’étendue de son
jardin près de l’église Saint Germain, à la sortie de Soissons. « Faire
aimer le sport », c’est son vœu.
« A
treize ans mes parents m’ont envoyée apprendre l’escrime, parce que j’étais
timide. » Elle rit à l’idée.
Douze ans de pratique, dont deux à Paris, lorsqu’elle quitte Soissons pour une
école d’éducateurs. Elle devient même championne universitaire de France au
fleuret ‑ « Les filles ne faisaient pas d’épée à l’époque. »
Ses
études terminées, elle rentre, et commence à travailler avec les enfants placés
au centre de La Cordée. « Il y a trente ans, ce n’était pas comme
maintenant. Des dortoirs, pas de télévision. Fugues, violences. Un éducateur
s’occupait de onze enfants. Il arrivait qu’un couteau vole à l’heure du petit
déjeuner. » Que faire dans ce cas ? « Je baissais la
tête. En même temps, ces gamins étaient attachants. »
Martine
quitte ce travail pour élever ses trois enfants. Il y a seize ans, elle
s’engage comme bénévole dans la gestion d’un centre de séjour rural à Sorbais,
et réussit au point de pouvoir se créer un poste de salariée. Elle travaille
chez elle, ce qui lui permet aussi de se faire des ampoules aux mains en
jardinant.
Ses
enfants apprennent la natation sportive, puis un jour de 1997, devant la
piscine, c’est le vide. Le club ne fonctionne plus. Avec deux autres mères,
elle reprend tout à zéro. Elles créent Soissons Natation Sportive. Quarante
enfants la première année, cent cinquante aujourd’hui. « Soissons
n’ayant pas d’université, c’est un « club formateur » : une fois
formés, les enfants partent ailleurs. Certains reviennent, parfois avec leurs
propres enfants. »
Ses
enfants, maintenant grands, se sont tous engagés dans le sport – à vingt-six
ans, le plus jeune est maître‑nageur.
Martine
elle‑même pratique la natation avec l’Asdec (dont elle est vice‑Présidente), la
gymnastique, la randonnée avec un groupe tous les lundis, la marche à pied dans
les Alpes chaque octobre – « Mille mètres de dénivelée par jour »
‑ , et elle court des demi‑marathons de 25 kilomètres. Et le repos ?
« A regarder la télé ? : ah non ! »
Le
sport professionnel, parasité par le fric, donne un modèle âpre de la
compétitivité ; mais au niveau associatif, Martine Ponssard trouve que
l’émulation qu’engendre la pratique d’un sport, entourée par des parents
bénévoles, prépare les enfants pour les réalités de la vie. Gagner, vaincre,
sur un fond de solidarité sportive. Combattre, mais en reconnaissant que le
plaisir de lutter ensemble compte autant que la victoire. C’est l’idéal
Olympique, après tout.
L’Union
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