28/09/2005

Arthur Dufourg et un monde meilleur

Arthur Dufourg a dix‑sept ans et voudrait rendre le monde meilleur. Il en brûle d’énergie, tout en prenant un ton rangé pour parler de lui‑même, ses idéaux, ses croyances.
Après un bac scientifique à Saint Rémy, il a viré au littéraire, et fait actuellement une classe de prépa en lettres à Lille, avec latin et la découverte du grec. Il déguste le plaisir de lire les grands auteurs.
Cet été, pour la seconde fois, Arthur a accompagné le pèlerinage diocésain à Lourdes, organisé par l’Hospitalité de Soissons, comme brancardier. Garde de nuit dans le train, des journées interminables à charrier, à alimenter, à divertir et à prier avec les malades.
Pour les douteurs, Lourdes c’est simple. Un malade qui en revient encore avec ses béquilles a perdu son temps. Mais une personne handicapée a deux relations avec son infirmité, l’une intime, dans son corps, l’autre publique, dans ses contacts avec les autres. Jour après jour, le regard du monde confirme la condition d’estropié, en s’apitoyant ou en trahissant une répugnance. La personne handicapée vit répudiée. A Lourdes, l’infirmité est partout, mais les yeux ne voient que le courage avec laquelle elle est portée. Soudain, les personnes handicapées sont au milieu du monde. Miraculeusement. Qui ne repartirait pas transformé ?
 « Les malades valides à 20 pour cent vivent à 40 pour cent. C’est plus fort que tout, leur opiniâtreté. Je retournerai tant que je pourrai. » Fatigant d’être à côté d’eux ? Les bénévoles festoient dans les cafés de Lourdes jusqu’à trois, quatre heures du matin. « Mais jamais d’écart » : Arthur en conclut que la confiance est toujours plus efficace qu’une discipline imposée.
La religion a pris beaucoup de place dans sa vie. « C’est pas être croyant que d’aller à l’église une fois par semaine. » Il devient scout, s’engage dans la pastorale au lycée, se joint à la marche des jeunes à Liesse. « Les gens donnaient leur temps, ne croyaient pas à la fatalité. » Devenir prêtre, alors ? « Spirituellement ce serait très bien, mais j’ai trop la bougeotte. »
Ses aspirations vont de l’environnement – « aider la nature à retrouver l’équilibre que les hommes ont déréglé » - à la politique, où « la course des ambitieux » serait remplacée par un système dont il revendique avec un sourire l’utopisme. Il est lucide quant à cette foi qu’il met avec tant de vigueur au service de ses idéaux. « On ne peut pas ne pas douter. » Pour lui, Dieu est « une idée concrète de la bonne volonté ».
Ses enthousiasmes sont jeunes comme lui. Un jour, Arthur montrera sa trempe. Guerrier de l’environnement, soldat comme son père, prêtre – ou saxophoniste, un autre intérêt ? « Il suffit d’être humain » dit Arthur.
L’Union

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