Les tuyaux d'orgue de la cathédrale de Soissons, placés au-dessus de la nef, et de couleur ardoise, font penser à une formation géologique façonnée avec une lenteur infinie, d'une symétrie cristalline, empiétant sur la grande rosace de la façade est. Pourtant c'est par cel élément presque intrus que l'architecture gothique donne de la voix.
Au spectacle « Chœurs d'étoiles », conçu par Jean-Michel de l'Adama, et donné par Vincent Dubois, jeune titulaire des orgues, et l'acteur Michel Duchaussoy, un éclairage attire tous les yeux vers la haute tribune des orgues.
Des auteurs tels que Balzac, Proust et Hesse parlent de cet instrument. Michel Duchaussoy lit tous leurs textes avec une égale ferveur et fermeté, comme s'il s'agissait du monologue d'un seul écrivain, évoquant, comme Cioran, l'orgue par laquelle « l'absolu s'interprète lui-même », rageant comme Claudel contre l'organiste, cet « ingénieur des calamités » avec ses notes d'une « suavité atroce », ou entendant comme Hugo « la seule voix qui puisse, avec le flot dormant et les forêts bénies, murmurer ici-bas quelque commencement de l'infini ».
La sonorisation des églises tend à résonner dans le vie, mais le matériel installé pour ce concert protège l'intimité de la voix de l'acteur, ronde et chaude, quoiqu'avec une touche d'acier qui garde les auditeurs éveillés.
La musique remplit les espaces ménagés par la parole. Le propre de la musique d'orgue est de venir de partout et de nulle part. Elle flotte dans l'air ou, lorsque Vincent Dubois fait tonner la Marche des pèlerins du « Tannhaüser » de Wagner, ou qu'il libère les cascades de la Toccata et fugue de Bach, elle remplit tout, ne laissant aucun interstice.
Pour l’oreille humaine, la musique sort de la pierre même des colonnes, de la voûte. A de tels moments, elle devient un phénomène géologique.
L'Union
Au spectacle « Chœurs d'étoiles », conçu par Jean-Michel de l'Adama, et donné par Vincent Dubois, jeune titulaire des orgues, et l'acteur Michel Duchaussoy, un éclairage attire tous les yeux vers la haute tribune des orgues.
Des auteurs tels que Balzac, Proust et Hesse parlent de cet instrument. Michel Duchaussoy lit tous leurs textes avec une égale ferveur et fermeté, comme s'il s'agissait du monologue d'un seul écrivain, évoquant, comme Cioran, l'orgue par laquelle « l'absolu s'interprète lui-même », rageant comme Claudel contre l'organiste, cet « ingénieur des calamités » avec ses notes d'une « suavité atroce », ou entendant comme Hugo « la seule voix qui puisse, avec le flot dormant et les forêts bénies, murmurer ici-bas quelque commencement de l'infini ».
La sonorisation des églises tend à résonner dans le vie, mais le matériel installé pour ce concert protège l'intimité de la voix de l'acteur, ronde et chaude, quoiqu'avec une touche d'acier qui garde les auditeurs éveillés.
La musique remplit les espaces ménagés par la parole. Le propre de la musique d'orgue est de venir de partout et de nulle part. Elle flotte dans l'air ou, lorsque Vincent Dubois fait tonner la Marche des pèlerins du « Tannhaüser » de Wagner, ou qu'il libère les cascades de la Toccata et fugue de Bach, elle remplit tout, ne laissant aucun interstice.
Pour l’oreille humaine, la musique sort de la pierre même des colonnes, de la voûte. A de tels moments, elle devient un phénomène géologique.
L'Union
Le maître de musique Vincent Dubois et le maître des mots Michel Duchaussoy se saluent après le spectacle.
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