01/02/2006

Aglaé Simoës : par curiosité d'esprit

Aglaé Simoës a dix neuf ans, et elle est étudiante en sociologie à l’université de Lille. Elle a grandi entre deux grandes et deux petites sœurs à Nampteuil sous Muret, où la famille occupait l’ancienne maison de maréchal-ferrant, avant de déménager dans une maison encore plus vieille à Braine. Les enfants ont vécu dans un milieu familial particulier. Avant de fonder une famille, leurs parents avaient connu la vie communautaire, cherchant une alternative à une société rigide et exploiteuse. Ils en ont avaient gardé une ouverture d’esprit, un goût pour le contact, qui a fait leur réputation bien au-delà des vallées de la Crise et de la Vesle. La maison de Braine était pleine d’amis, et d’amis d’amis, et Aglaé et ses sœurs ont appris à les accueillir, à s’intéresser à eux, à être à l’aise dans bien des milieux.
    Au collège de Braine, Aglaé, presque par désœuvrement, adhère au Club de tiers monde, animé le midi par Françoise Mandy, présidente par ailleurs de l’association brainoise Madomé. « Donc, j’en ai fait partie aussi. »
    Madomé (« bonsoir » en malien) aide une école à Mandiakhuy, dans le sud-est du Mali. Ce soutien trouve ses origines dans des contacts entre enseignants.
Quand elle est en 3ème, Aglaé s’y rend avec l’association. Premier vol, premiers pas en Afrique, premier contact avec la chaleur tropicale – à laquelle elle a du mal à croire sur place –, première expérience de la civilisation africaine, des gens. Après l’arrivée à Bamako, le groupe part pour Mandiakhuy, à une dizaine d’heures en bus, « qu’on appelait le fous-la-mort » se rappelle Aglaé. « Le village c’était plutôt des maisons éparpillées sur de grandes distances. » Madomé apporte dans ses bagages des livres pour ouvrir une bibliothèque à l’école.
    Ecole à Chacrise, collège à Belleu, puis Braine, lycée à Soissons, et maintenant la faculté. Pourquoi la sociologie et l’anthropologie ?  Elle sourit : « Par curiosité d’esprit. » Elle admet pourtant être influencé aussi par son père : « Ce choix n’est pas anodin. » Elle a fait une étude sur les sans-papiers à Lille, et projette de partir pour un an en Bulgarie.
    L’année dernière, la mort de son père a rompu le cadre familial. Chacune a dû s’y adapter, soutenir les autres. Aglaé aide à trouver ce nouvel équilibre.
Elle doit repartir au Mali cet été, en une équipe de sept jeunes (dont sa sœur Astrée), avec le projet de construire une clôture de protection pour les cultures « avant la saison des pluies ».
    Aglaé répond directement aux questions, mais sourit de tant d’interrogations et ne brode pas sur ses réponses. Ces demandes d’analyse ne semblent pas correspondre à sa démarche. Ses choix, ses décisions, ses actes viennent plus de sa nature que de sa raison.
    Son prénom ? Aglaé était une des trois Grâces de la mythologie grecque. Serait-ce pour quelque chose dans la vision d’Aglaé Simoës ?
L’Union

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