Christiana Presutti (à g.) et Marion Fourquier |
Le
Festival des cathédrales de Picardie consacre son cycle 2006 à la musique
italienne, en évoquant le « Grand tour », ce voyage initiatique par
lequel les Européens du Nord, à partir du 14e siècle, se rendaient en
Italie, dans l’espoir de se relier à l’Antiquité et à sa Renaissance. Le Moyen
Âge, marqué par le poids de l’Eglise dans tous les domaines, venait à sa fin.
Jean-Marie Carré, maire de Septmonts, voit dans la
décision d’organiser quelques concerts cette année dans de petites églises un
signe que « le Festival se démocratise ». L’église de Septmonts a ainsi
accueilli l’ensemble « Poïésis » pour un récital de musique baroque
italienne, surtout vocale. de compositeurs comme Marini, Cavalli et Barbara
Strozzi, dont la musique était écrite ou jouée à Venise vers la fin du 17e
siècle.
Deux grandes harpes baroques encadraient l’estrade. A la
différence d’une harpe classique, celle-ci est dépourvue de pédales, et possède
une triple rangée de cordes, la rendant épouvantablement difficile à jouer.
« Mais elle convient mieux pour la musique chromatique » explique Marion
Fourquier, directeur de Poïésis.
En effet, à la différence du chant français, qui utilise
la gamme diatonique, majeure ou mineure, les airs italiens ont recours à la
progression chromatique, basée sur des demi-tons. Selon Christiana Presutti,
soprano du groupe, ce genre convient particulièrement à l’expression de la
mélancolie, des passions, de la tonalité « pianto », c'est-à-dire
« plaintive ».
Pourquoi une telle richesse musicale à Venise ? « Le Pape étant à Rome, la musique y était
surtout ecclésiastique » explique Christiana Presutti, romaine d’origine elle-même « alors que Venise était une république
et plus ouverte aux arts. »
L’acoustique claire de l’église de Septmonts convient
parfaitement à ce travail vocal et instrumental tout en subtilité. La musique
baroque italienne n’envahit pas l’auditeur comme les transports de la musique
romantique : elle nécessite de garder l’intelligence en éveil – ce qui ne
fait qu’ajouter au plaisir.
L’Union
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