« Est-ce que j’existe en ciel ? » Dite à haute
voix, cette phrase de Paolo Doss illustre la combinaison d’interrogation
philosophique et d’espièglerie verbale qui caractérise ses spectacles.
Jalmalv en Soissonnais, association
pour l’accompagnement des personnes gravement malades ou en phase terminale, à
l’hôpital ou chez elles, l’a invité à venir de Bruxelles à Soissons pour jouer « Rêve
d’ange heureux » (titre qu’il faut aussi dire tout haut). Il y aborde « la
peur et l’au-delà », au moyen d’un torrent de jeux de mots qui portent
ses réflexions sur la création, la vie, les relations, même l’informatique. Son
jeu (qui est également son « je », dirait-il) est celui d’un
pataud débraillé, personnage qui tranche avec l’acuité et l’intelligence du
texte qu’il prononce. Cet autre truculent belge de la parole, Raymond Devos, vient
à l’esprit, mais Paolo Doss a d’autres intentions. En titillant les peurs, les
désirs, les questionnements au sujet de la vie, il amène ses spectateurs à se
mettre à côté de la mort, tout en riant aux éclats.
Les bénévoles de Jalmalv s’entendent
souvent dire qu’il leur faut un courage hors normes pour rester à côté des
mourants : « Je ne pourrais jamais faire cela. » En fait,
c’est le choix conscient de cette activité qui change les choses : la mort
ne rôde plus hors de vue, elle est présente, mais elle doit chaque fois
attendre que la vie veuille bien lui faire la place. L’équipe est soudée, se
soutient, s’interroge constamment, se forme, s’aide, nourrit l’amitié entre ses
membres, et persiste à voir le côté joyeux des choses. Il faut entendre les
rires qui ponctuent ses rencontres et réunions.
Paolo Doss confirme cette vision. Né
en Egypte, élevé en Italie et vivant en Belgique, il garde son histoire
cosmopolite dans son accent. Il a établi tout de suite une relation chaleureuse
avec le public, et l’a mis au défi de le suivre dans ses paroles pétaradantes,
comme sa définition du « couple parfait de parents » composé
d’un « performant » et d’une « merveilleuse »,
c'est-à-dire un père qui forme et une mère qui veille.
Le message de ce clown s’insinue
entre ses mots, efficacement dirait-on : quatre personnes qui ont assisté
au spectacle envisagent déjà de suivre la formation de base de Jalmalv.
L’Union
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