20/10/2006

Triptyque de chambre : le quatuor Aviv à l’Arsenal


Est-ce le côté gymnase de l’Arsenal, son sol  de ciment peint en vert, son estrade en contreplaqué bordé d’un feuillard métallique ? Le fait est qu’à chaque récital il y a un moment de surprise et de grâce lorsque sonnent les premières notes, et que la salle devient espace de musique.
    La nouvelle saison de Musées-musique y a commencé avec éclat. Les quatre jeunes musiciens israéliens du quatuor Aviv – « Printemps » en hébreu – ont présenté un triptyque d’œuvres, trois regards sur la musique de chambre.
    Mendelssohn, dans son quatuor opus 80, démontre à quel point la musique romantique, affranchie des conventions d’avant,  incarne une quête personnelle de bonheur et de beauté, quête trépidante ou langoureuse, angoissée ou extasiée.
    Dans un monde devenu ensuite plus perplexe, le quatuor opus 3 d’Alban Berg reflète une recherche individuelle plus rude, moins candide. Le romantisme ne correspondait plus au monde d’alors.
    Le concert s’est terminé par le dernier des trois quatuors Razoumovsky de Beethoven, le plaisir de l’entendre intensifié par la fougue des musiciens qui lui ont donné vie devant nous. Du début lent par lequel Beethoven touche déjà à l’essentiel, avant de laisser éclater une mélodie joyeuse, et jusqu’à la fin, mouvement fugué qui se termine dans un déchaînement de notes, les quatre archets allant au galop, l’œuvre traduit une vision complexe, cohérente,  libre de toute entrave. Beethoven ne met aucun écran entre lui et sa composition. Dans une note écrite à l’époque, il se somme : « Ne garde plus le secret de ta surdité, même dans ton art. »
    D’un grand sérieux pendant le concert, les musiciens d’Aviv ont ensuite laissé voir leur plaisir d’avoir joué. Pourquoi ce programme-là pour Soissons, déjà joué veille à Londres, dans la prestigieuse Wigmore Hall. ? « Parce que nous aimons tellement jouer ces morceaux ! »
(Inédit)

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