08/11/2006

Jean-Philippe Pouilhe : une vie qui résonne


Le cor n’est pas un instrument modeste. Il se fait entendre, appelle à l’action, voire au combat. Le corniste Jean-Philippe Pouilhe n’a pas choisi un effacement qui aurait pu l’abriter. « Je suis né à Soissons ; j’ai grandi – pas beaucoup – à Soissons. » C’est donc lui qui aborde le fait que ceux qu’il fréquente le dépassent généralement d’une bonne tête. Il évoque sa taille, et les origines de son handicap, pour éviter que le sujet ne parasite les échanges, en restant non dit.
Son nom est auvergnat. « Rude contrée » dit-il en évoquant les vacances avec son père instituteur dans le pays du grand-père, blessé trois fois à la guerre dans l’Aisne et qui est resté à Soissons dans un emploi créé pour les invalides.
Jean-Philippe est envoyé à l’école de musique à huit ans, pour apprendre la trompette. « J'y traînais. » Mais après deux ans il devient un des premiers élèves d’un grand corniste retraité dans le Soissonnais. « Paul Vangheluwe, lui, nous a fait vivre la musique. »
En disant son histoire musicale, Jean-Philippe cite beaucoup de noms de musiciens, d’amis. Il est éloquent sur leur rôle, et parle de chacun avec considération, reconnaissance et amitié. Il ne cherche pas à tirer la partition à lui.
« Je rentrais épuisé des leçons, puis voulais rejouer tout de suite. » Encore lycéen, il commence à jouer dans la région, rejoint l’Harmonie municipale, le Cercle musical. Un soir de 1983, sur un banc avec deux amis, l’idée leur vient de créer un ensemble. Les Cuivres Soissonais sont nés, et donnent leur premier concert aux Arquebusiers.
A part la musique, qui aurait pu être son métier, il commence la faculté à Reims. Mais des difficultés chez ses parents l’amènent à entrer aux Chèques postaux à Paris. Il se marie, devient fonctionnaire de préfecture. « La vie musicale y était intéressante, mais c’était le week-end, et je n’aspirais qu’à jouer ici avec mes amis. » En 1998, la famille rentre à Soissons « parce que j’y ai tant de liens ». Il travaille à la sous-préfecture.
Après une période faste, l’ensemble de cuivres vit un passage à vide. En 2004, la décision est prise d’accepter l’offre de se rapprocher du Conservatoire de musique. Rien n’est écrit, mais le partenariat fonctionne. La musique continue. Quentin, fils aîné de Jean-Philippe et d’Evelyne, rejoint l’ensemble.
Sa vie reste pourtant un combat. « J’ai su à six ans ce qui m’attendait, des opérations répétées et un mal persistant. C’est l’adolescence qui a été la plus dure. Je m’isolais. Je pense que je me suis réfugié dans la musique. »
Aujourd’hui, Jean-Philippe Pouilhe est l’exemple même d’un homme dont le désir de faire la musique fait résonner sa vie entière – tout comme la maison de Vignolles doit résonner lorsque ses deux fils trompettistes s’y mettent !
L’Union

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