26/02/2007

Grethe Gravesen : le Sida et une journée à Pnom Penh

Après plus d’une décennie de bénévolat parmi les personnes atteintes du Sida, Grethe Gravesen revient toujours à sa première motivation. « Un ami est venu mourir du Sida dans un village près de Soissons, et je n’ai pas supporté le secret autour tant de sa maladie que de son orientation sexuelle. Il devait cacher, non seulement ce qu’il avait, mais ce qu’il était. »
Elle est devenue alors volontaire de l’association Aides dans un hôpital à Paris, en restant proche de l’association soissonnaise Soutiens-Sida. Danoise vivant depuis longtemps en France, et ayant pris sa retraite du jardin d’enfants qu’elle avait fondé, elle a décidé en 2006 de partir seule au Cambodge, où « le gouvernement ne veut pas voir le problème du Sida. » A son retour, elle a évoqué ses aventures (voir « Grethe Gravesen, activiste Vih/Sida au Cambodge » du 19/03/06).
S’étant engagée envers ceux avec lesquels elle avait travaillé, et pour aller plus loin, elle est repartie en janvier pour quelques mois. Elle nous raconte une journée type à Pnom Penh.
« Le soleil se lève à six heures, et se couche à six heures, chaque fois dans dix minutes, sans crépuscule. Je m’éveille au son des chats, chiens et coqs. C’est comme à Haïti, la même misère, le même vacarme. » Et chaque matin le même dilemme : le petit déjeuner. « C’est le poisson au riz ou la soupe au poisson. L’autre jour, j’ai eu une soupe de chèvre. Ayant déniché du café soluble et du lait, j’arrive à avaler le reste. »
Ensuite, elle affronte la poussière et le bruit pour aller travailler. Parfois elle se rend à l’hôpital avec le médecin khmer chez qui elle habite, pour accompagner des malades en phase terminale. Il y a deux ou trois morts par semaine.
Ou bien elle travaille dans un foyer pour les orphelins de parents morts du Sida, où son savoir professionnel la rend utile. Elle leur apprend l’anglais – « mais l’anglais khmer, très différent de l’anglais anglais – le professeur traduit quand je parle ! »
Elle s’occupe aussi d’un village d’ex-prostituées – dont certaines ne seraient pas si « ex » que ça – où elle est « la dame hygiène ». C’est en dehors de la vile, et elle s’y rend derrière son motard attitré : « la vie n’est pas dangereuse, mais la pauvreté est telle qu’un inconnu, avec une vieille dame comme moi …. ».
Sa nourriture reste un problème. « Tous les jours, du poisson et du riz, alors je vais maintenant au marché pour faire mes achats. Mais il faut marchander. » A l’étonnement général, Grethe apprend à présent le khmer.
Après son travail, elle rentre. « Je ne sors pas le soir, c’est trop risqué de revenir seule. »
La misère est partout. L’année dernière, elle a vu mourir par terre une fille malade du Sida, faute de lit. Une autre femme, trop pauvre pour prétendre à une maison, vivait sur des planches sous une cabane sur pilotis, juste au-dessus de l’eau.
L’Union

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