Libby
Morgan (née Elizabeth en Angleterre), présidente de l’Association pour la
Promotion du Yoga à Soissons, montre une redoutable énergie. Elle l’admet avec
la candeur désarmante d’une Britannique bien élevée. C’est comme un moteur qui n’a
qu’à ronronner pour faire fonctionner une usine.
Après une enfance à la campagne, elle termine ses
études secondaires dans un internat de garçons. « Je voulais être vétérinaire,
et il fallait une option scientifique, peu disponible à l’époque pour les
filles. »
En quittant l’école, elle rend visite à une famille dans
la vallée de la Loire. Juste avant de repartir, elle a un grave accident, en
conduisant un attelage qui se renverse. « Plein de dégâts. On m’enlève
150 centimètres d’intestin. » Elle reste un an de plus, « fille
au pair pour une vingtaine de chevaux », puis rentre en Angleterre.
Son métier voulu devenant
impossible, elle suit une formation et travaille. Mais en 1979 elle part à
Paris, comme ça, sans rien prévoir. Après une période dans une société
comptable « au 40e étage », elle trouve un poste autrement prenant,
assistante de protocole à l’ambassade d’Angleterre. En 1983 elle devient
intendante de la résidence de l’ambassadeur, cet ancien palais de Pauline
Borghèse acheté par le Duc de Wellington « avant la bataille de Waterloo ».
Son travail implique la gestion quotidienne des locaux, qui reçoivent seize
mille invités chaque année, mais aussi du programme de restauration. « J’allais
à Lyon voir des soies, à Versailles pour la dorure. » Il y a de grands
fastes et de dures besognes – porter une robe prêtée par la maison Lanvin dans
les salons lors d’une visite de la Reine, puis monter sur le toit en bleus de
travail avec les couvreurs au petit matin.
Libby et son
mari photographe quittent Paris pour la campagne, à Longpont. Après de longues
tentatives pour avoir un enfant, déception sur déception, un dernier essai et Victoria
et Alice viennent au monde. A l’ambassade, elle quitte son poste trop
accaparant pour s’occuper des ressources humaines.
Plus tard,
Libby est à Louâtre, divorcée, avec les jumelles. Leur maison prend feu une
nuit, et elle ne sauve qu’elles. « Tout perdu, photos, vêtements,
jouets, tout. Tu ne reconnais rien. »
Aujourd’hui,
à la veille de son remariage avec un Ecossais, Libby quitte son emploi pour être
mère au foyer. « Merveilleux. Plus tard, je fonderai peut-être ma propre
société. »
Le yoga
expliquerait sa poigne ? Elle voit les choses autrement. « Je me
surmène depuis toujours, moi-même et les autres, et le yoga m’aide à m’arrêter. »
Ses cours avec Jean Greffet, professeur de l’association, lui apprennent
des gestes qui apaisent. « Mettre dix minutes pour passer de la
position debout à la position assise …. » Pour Libby Morgan, qui n’a
jamais de sa vie pris le temps de s’ennuyer, c’est un exploit que d’aller
lentement.
L’Union
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