Les événements jazz se
poursuivent au Mail, avec le trio Bojan Z. Ce pianiste d’origine bosniaque,
établi à Paris depuis presque vingt ans, s’est rendu compte que son nom de
famille dépassait l’entendement des Français, et n’en a gardé que la première
lettre.
Accompagné
par le batteur américain Ari Hoenig et le bassiste italien Rémi Vignolo – déjà
venu à Soissons en 2006 avec Aldo Romano – il a joué devant les amateurs locaux
de jazz regroupés dans la grande salle, moins nombreux que d’habitude, mais toujours
aussi sensibles aux exploits musicaux sur scène.
Bojan
Z, devant le piano, et avec un clavier électronique de chaque côté, mène le
mouvement. Ses mains courent et tapent
sur ces trois claviers, parfois sur deux à la fois, une main sur chacun, comme des
écoliers qui prendraient toute la cour de récréation pour leurs jeux. Caressant
les touches, ou assénant des coups avec la paume, il guide ses auditeurs dans
une expérience jamais prévisible.
Le
programme n’inclut aucun standard. Ce trajet dans l’inconnu mélodique, avec de
constants revirements et ruptures de rythme, de ton et de volume, laisse clairement
sentir les deux temps qui s’accordent pour créer le jazz. Il y a la mesure, que
battent les plus mordus des spectateurs en hochant la tête, ou en tapant du
pied. En fait celle-ci n’existe que suggérée par les rythmes syncopés de la
musique, qui s’amusent avec elle, s’en jouent, la narguent, l’interrompent, y
touchent puis se sauvent à nouveau. Le jazz, toujours rebelle, est un éternel
déni de la régularité.
Pourquoi
les trois claviers ? « Ca vient de mon enfance malheureuse »
dit-il après le concert en souriant. « J’en
voulais tellement. » Son éducation musicale ? « J’ai
étudié le piano classique, mais je voyais autour de moi des gens qui savaient
mieux jouer cela que moi, alors que moi, je savais faire autre chose mieux
qu’eux. » Le jazz moderne a bénéficié de ce choix.
L’Union
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires seront vus avant d'être affichés.