En
plus de la musique même, les récitals estivaux d’orgue offrent chaque année leurs
plaisirs annexes. D’abord, celui de se trouver assis face à la tribune d’orgue,
alors que le soleil d’après-midi vient briller derrière la rosace. Les tuyaux
d’orgue empiétant sur le bas du vitrail lui donnent une forme d’éventail qui flambe
de lumière. Puis il y a l’exquise fraîcheur, qui contraste avec le four sur le
parvis devant la cathédrale. La masse des voûtes, des colonnes, des sols fournit
une climatisation très écologique.
Le
bien-être corporel et visuel étant assuré, l’attention peut être consacrée
pleinement à la musique. Michel Bourcier a donné le premier récital du cycle
organisé par les Amis des orgues de Soissons.
Après
du Bach pour rassurer les auditeurs, l’organiste les a fait partir en voyage
avec le compositeur moderne Jean-Louis Thorentz. Ses « Laudes »,
inspirées par la liturgie éthiopienne, proposent un dépaysement musical,
d’autant plus réel que l’œuvre débute et se termine dans un bruit de réacteur
d’avion, reproduit sur l’orgue. Les sept pièces multicouches, créées en 1985
par Michel Bourcier, spécialiste de Thorentz, requièrent une attention soutenue
pour les apprécier, et l’organiste a ramené son public vers des sons plus
familiers, en terminant par des extraits de la 2e symphonie de
Vierne.
Le
programme avait été choisi en fonction de l’instrument de Soissons, réputé dans
le monde musical, même si la question de son entretien préoccupe Michel
Deharvengt, président des Amis. Seulement, ne serait-il pas trop haut placé,
faisant flotter le son au dessus du public ? Michel Bourcier ne le croit
pas. « Je le pensais en arrivant, mais j’ai assisté à la messe, et c’était
bien. » Il est organiste à Nantes, où il est né « à cent
mètres de l’église ».
Deux
concerts suivront, le 29 juillet avec Christophe Simon qui jouera Franck,
Alain, Fleury et Duruflé ; et le 26 août avec la jeune Elodie Raimond, qui
jouera Reubke, Liszt, Alain et Tournemire – et qui remplace Vincent Dubois,
titulaire à Soissons, pendant l’été. Lumière, fraîcheur et musique : que
demander de plus ?
L’Union
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