26/02/2008

Babeth Garnavault : une quête de sens


Sa maison, héritée de sa grand-mère, se trouve en retrait entre deux autres sur une des rues en pente de Clamecy. Elisabeth Garnavault y vit seule, mais guère en retrait. Elle participe vigoureusement à la vie du village, et à nombreuses autres activités associatives.
Pleine d’amabilité, Babeth raconte une vie qu’elle dit « mouvementée » : une éducation religieuse stricte, le métier d’infirmière, même la gestion d’une superette à Reims. Mais deux longs épisodes prédominent. Elle a été mariée deux fois, d’abord à dix-huit ans. Ses deux maris ont été violents, l’ont battue et menacée de mort – et tous deux se sont suicidés, le second alors que Babeth et un de ses enfants étaient dans la maison. « Je n’ai pas voulu revenir ici seule après. J’entendais ses pas dans l’escalier. » Mais elle assume cette expérience, ne cache rien. « C’est quand même étrange. Deux fois ! » Babeth interroge constamment ses expériences, ses propres actions. « J’étais très soumise, comme ma mère. »
Veuve, elle se lance dans des activités, toujours prête à donner un coup de main. Là aussi, elle se demande ce qui l’empêche de dire parfois « Non ».
Après une conférence, elle rejoint Chrysalide, nouvelle association pour les personnes souffrant d’obésité. « Je suis d’une famille d’obèses. Ma mère servait toujours deux grosses portions. Si on mangeait pas elle était malheureuse ! Au fait, elle donnait ainsi l’amour. » Babeth se fait poser un anneau gastrique, dont elle reconnaît les bienfaits – « j’ai perdu trente-cinq kilos » – et les contraintes quotidiennes, pour manger, pour sortir. Elle a pensé l’abandonner. « Mais je vais le garder. » Comme toujours, Babeth s’interroge sur le sens de ses décisions. « Après tout, pourquoi je veux maigrir ? » Une amie médecin lui a posé la question. « Question de santé » a répondu Babeth. « C’est l’avenir, cela. Pourquoi aujourd’hui ? »
Les gens peuvent s’associer pour pratiquer ensemble une activité, avancer une cause. Chrysalide prône plutôt le soutien mutuel, la recherche de « mots pour guérir les maux ». Chacun est un miroir des autres, allant ainsi vers une clarté qui les libèrera des ombres.
Babeth Garnavault se bat en fait pour savoir qui se trouve derrière ses rondeurs excessives, sa bonne humeur implacable, son agitation associative. Comment se défaire du poids du passé, du poids, sans en comprendre le sens ?
L’Union

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