Un
jour dans la rue Saint Quentin à Soissons, Gérard Prétrot est salué par un
inconnu, qui lève les bras et crie « Vive le Québec ! ». C’est
un renom qu’il ne recherchait pas, en devenant président de l’association
Aisne-Québec.
Son activité y est surtout de retrouver la trace des
Picards partis coloniser ce qui s’appelait encore « la nouvelle
France ». Chaque « pionnier » devient le personnage principal d’une
aventure qu’il raconte avec entrain. La difficulté est de lui faire parler de
lui-même.
Comment s’est-il engagé sur ce chemin ? « Un
ami m’a parlé d’un certain Prestrot parti en 1653 pour Ville Marie – le nom de
Montréal à l’époque – se demandant si nous étions de la même famille. »
Il ne trouvé aucun lien de parenté, mais le démon de l’investigation l’a déjà
saisi. Il remet en activité Aisne-Québec en 1996. Depuis, il cherche, se
documente, pour retrouver ces Picards, et les « lieux de mémoire »
d’où ils partaient.
L’activité associative n’est pas un passe-temps pour lui,
ni pour sa femme, trésorière du Cercle généalogique. Son calendrier est chargé
de déplacements à Paris. Presque chaque jour en fin d’après-midi ils sont dans
le bureau de leur appartement au dessus de la place Dauphine, pour des heures
de travail.
Gérard grandit avant la guerre près de Sissonne, où son
père est menuisier-ébéniste, puis vient à Soissons dans une école
professionnelle,
Il fait son service militaire à Dakar en 1952, y devient
parachutiste – « Six sauts de jour, un de nuit » – et finit
caporal. Il retourne à son métier de dessinateur technique, mais un jour de
1956 deux gendarmes l’attendent à l’usine. Il est rappelé en Algérie. On lui
propose une promotion. « Je ne voulais pas, alors j’étais dégradé
publiquement, pour « refus d’obéissance », et je suis redevenu simple
2e classe. »
Il rejoint la papeterie de la Rochette, et cette fois ne
refuse pas l’avancement. Il y vit 1968. « Les manifestants à l’entrée me
laissaient passer, contents que je m’occupe d’une extension de l’usine. »
Il prend sa retraite en 1988.
Gérard se raconte avec un ton amusé et désinvolte. « J’aime
être actif, c’est tout » dit-il, pour expliquer par exemple
l’organisation d’un tournoi international de foot à Vénizel dans les années 80.
Son aventure actuelle est québécoise, mais elle se mène
ici, loin de la belle province. Gérard Prétrot n’y est jamais allé.
L’Union
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