Marc
Douillet, professeur des écoles, maître formateur à l’IUFM de Laon, prépare une
thèse à la Sorbonne sur « les auteurs de scène ». Pour lui, le
théâtre doit déployer tous les moyens, du corps d’acteur aux accessoires et à
la musique, pour exprimer les forces invisibles sous la surface de l’intrigue,
dépasser la compréhension intellectuelle pour toucher à l’intime des spectateurs.
Tout
un entretien pourrait être consacré à ses questionnements ; dont « Qu’est-ce
qu’une œuvre d’art ? » ; mais revenons sur son cheminement
vers ces idées.
Marc a grandi à Vénizel, où ses parents sont venus travailler
à la papeterie de La Rochette. « Ecole à Vénizel, collège à Villeneuve,
lycée Nerval » : il résume son parcours scolaire. Déjà un littéraire ?
« Non, bac scientifique. » Il entre en faculté de médecine à
Reims, mais déchante rapidement et passe aux Beaux Arts. « Un virage difficile
pour mes parents. » Trois ans plus tard, la décision déchirante qu’il
ne sera pas artiste l’amène à l’enseignement. En 1989, à un atelier
d’improvisation théâtrale de l’IUFM, il rencontre Jean-Louis Wacquiez, dorénavant
complice de ses recherches. Le théâtre l’habite, imprègne son travail et ses
loisirs.
La compagnie des Nomades est une structure
professionnelle dans laquelle Marc poursuit sa quête théâtrale. Aux Baladins,
association fondée il y a vingt ans, la même démarche repose sur une envie de
partager, se rencontrer devant un texte. Le collectif prédomine.
La « figure », notion deleuzienne entre
métaphore et allégorie, allie l’imagination, les sensations et la raison. Au
théâtre, elle permet ce que Marc appelle une « mise à distance »
empêchant le spectateur de ronronner dans son fauteuil. « Dans l’espace
entre la raison et la sensibilité, la figure transforme les forces premières en
oeuvre d'art – mais c’est rare ! »
Avec sa compagne Laurence Piret, il appartient à la Ligue
des droits de l’homme. « Donner à penser, ouvrir un espace de
parole » : son interprétation du rôle de la Ligue ne s’éloigne pas
de sa vision du théâtre.
Ses dessins, à voir au Havana Café, figurent des
personnages gauches, exposés au regard. Au-delà de l’esthétique, leur sens ne
peut guère se capter qu’en se laissant toucher. Comme au théâtre de Marc
Douillet, l’intelligence d’esprit doit laisser une place à l’intelligence du
cœur.
L’Union
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