Déjà au
téléphone, la personne qui prend les réservations pour « L’avant-dernier
des hommes » est précautionneuse. « Vous connaissez l’auteur Novarina ? »
Le texte sera expérimental : « un fleuve de mots ».
Ceux qui apprécient
le réalisateur Marc Douillet et son complice comédien Jean-Louis Wacquiez se doutent
bien qu’il ne s’agira pas d’une pantalonnade avec dénouement poilant au
troisième acte. Ils veulent plutôt « ouvrir un espace poétique ».
Sur la scène de Beauregard, un homme manie et interroge des
modèles d’objets, des cailloux, des bouts de bois. Le musicien Philippe Leroy commente
et accompagne. C’est tout. Pas d’histoire, des phrases bizarres jusqu’à
l’opacité. Au lieu de jouer un personnage, Wacquiez laisse son corps devenir le
« point focal » défini par l’auteur. Son jeu transparent et la mise
en scène nerveuse rendent le spectacle facile à regarder. Mais à
comprendre ?
En fait, il ne faut ni se casser la tête pour suivre, ni se
croire à un concert et jouir de la musique sans s’occuper du lien logique entre
les notes. Il s’agit de se laisser entraîner dans les sables mouvants entre la
raison et la sensibilité, là où les forces invisibles de chacun montent à la
surface. Avec tous les autres éléments du spectacle, c’est cela qui peut donner
naissance, selon Douillet, à une œuvre d’art. La pièce de Valère Novarina est un
spectacle pour les aventuriers de l’intime.
L’Union
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