Les pierres
livrées à Varsovie pour un monument au Führer ont servi, après la victoire, à
élever un mémorial aux résistants du ghetto. De cette ironie la compagnie israélienne
Orto-Da a tiré une idée lumineusement théâtrale. Les personnages de pierre se
mettent en mouvement, et mènent la vie de ces résistants après la guerre.
Un camp de concentration, un voyage épique vers la Palestine, la
construction, mais aussi les pièges de la vie moderne, les faux semblants :
les six comédiens miment tout. Les trouvailles crépitent, amusent, émeuvent.
Les barbelés deviennent les cordes d’une harpe, un étrange être fait d’un drap
sort d’une poubelle, s’agite, déguisé en Hitler mais ânonnant des lieux communs
du spiritualisme oriental. Tout est évoqué, rien n’est asséné. Les spectateurs gardent
une marge d’interprétation subjective. C’est cela, la générosité artistique.
Parlant après le spectacle, à côté du tonneau de vase grise de la mer
Morte avec laquelle ils se griment, le metteur en scène Yinon Tzafrir parle du
travail en cours qu’est
« Stones ». « Nous le
changeons continuellement. ».
Il admet la difficulté de faire une tournée en quant qu’Israéliens. « Nous sommes des artistes, « nous voulons la paix. » Bien
sûr que la situation actuelle aiguise notre écoute. Des trois parties en cause
dans cette histoire, les Allemands sont bruyamment présents sur la bande
sonore, les Juifs vivent leur histoire dans les pierres ; les Palestiniens,
eux, ne sont pas entendus.
L’Union
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