26/08/2011

Une famille venue des îles

« Des Lamborghini, des Aston-Martin… » : Zack, seize ans, cite les voitures qu’on trouve sur son île de Guernesey, dans la Manche. Le paradis des bolides, donc ? Plutôt le purgatoire, car la vitesse est limitée partout à 55kph. Alors pourquoi en avoir ? « Cela fait bien. »
Naomi et Danny avec deux de leurs trois
 enfants, Zack et Macie-Leigh.
Je rencontre la famille Solomons-Pratt, Danny et Naomi et leurs trois enfants, Zackary et ses sœurs Lakisha et Macie-Leigh, au camping de Berny-Rivière. Un endroit dépaysant, qui pourrait faire croire qu’on a traversé la Manche dans un moment d’inattention. Devant des rangées de chalets, mobil-homes et tentes à perte de vue sont garées des voitures au sigle « GB ». Pas toutes : la voiture des Pratt est immatriculée à Guernesey.
Danny y est menuisier – et a un œil pour la qualité des constructions du bar où nous buvons notre verre. Naomi admet être « banquière », c'est-à-dire conseillère dans une banque dont elle tait le nom. L’île est-elle un paradis fiscal ? « Disons qu’elle offre une bonne performance fiscale. » Elle sourit. Je comprends l’attrait pour les propriétaires de Ferrari et de Porsche.
Patiemment, ils expliquent le statut particulier de l’île, dépendance directe du duc de Normandie – qui n’est autre que l’avatar anglo-normand de la reine d’Angleterre. Guernesey a son gouvernement et son parlement, et vit davantage de services financiers que de tourisme. Pour Danny, l’île offre une belle vie à ceux qui s’en sortent – il y a cent trente chômeurs parmi les soixante mille habitants.
Les deux filles sont à l’école, et à la rentrée Zack, sportif et déjà as en informatique, prendra des cours de TI dans un « collège ». Aucun ne veut quitter leur petit état, s’y sentant en sécurité et épanoui – sauf que Macie-Leigh aimerait « voyager un peu, puis revenir ». Chacun connaît même quelques bribes du patois normand, écrasé par l’anglais du quotidien et du commerce.
Ils n’ont pas visité Soissons, mais ont passé une journée à Disneyland et une autre à Pierrefonds, car ils sont fans de « Merlin », le feuilleton télévisé dont des épisodes sont tournés autour du château.
La famille vient souvent en France, trouvant que la vie ici correspond mieux à leurs attentes qu’en Angleterre. Serait-ce, plus que la proximité géographique, l’ancien partage d’une culture implantée dans l’île par les Bretons qui s’y sont installés au 6e siècle ?
« A la perchoine, les vians », c’est comme ça que les Guernesiais se disent « A bientôt les amis. »
L’union

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