Le méchant, dans cette
histoire de chômage et de recrutement, c’est la DRH, le Service du Personnel
devenu Direction des Ressources Humaines. Par ce changement de nom, qui efface
précisément le « personnel », les humains sont alignés avec d’autres
ressources, financières, minières, à exploiter pour le plus grand rendement. A
une époque de sous‑emploi chronique, le recrutement devient une opération de
casting, chaque candidat obligé d’éclipser les autres pour être pris. La
compétence professionnelle ne suffit plus : il faut présenter le bon
profil, culturel, domestique, même marital. C’est la matière de cette comédie
de David Pharao.
Dénudé de toute sa dignité par trois ans de chômage, tour à tour dépressif
et coléreux, excédé par sa femme étourdie, le personnage principal de
« L’invité » est sur le point de décrocher un poste à l’étranger.
Suivant les conseils d’un voisin maître en communication – au chômage lui‑même
– le couple saute à travers tous les cerceaux pour ressembler à un parfait
cadre moyen flanqué d’une épouse modèle. Son ameublement, ses vêtements, ses
disques, ses habitudes culinaires : tout doit être caché derrière un
comportement et un ensemble de valeurs censés convenir à la DRH.
Au cours d’un dîner auquel le recruteur DRH s’est convié, une suite de
malentendus fait que le couple révèle son vrai profil, ses goûts minables, son manque
d’envergure – et c’est exactement ce que cherche la DRH pour un tel poste
(« Une femme qui aime l’opéra, qu’est‑ce qu’elle va faire aux
Moluques ? »). Une fin heureuse, donc, même si c’est lamentable.
Le succès d’une comédie mettant en scène l’humiliation infligée à un homme
qui n’aspire qu’à travailler se mesure au degré de gêne avec lequel le public
en rit. L’idéal serait une salle qui, au lieu de rire, essaie de s’empêcher de
rire.
Nageant serein dans son bocal au milieu de cette agitation, le poisson
rouge de Gérard et de Colette a été recruté localement par la direction du
Centre Culturel. On ne dit pas s’il y a eu un casting.
L’Union
Les comédiens (de dr. à g. Philippe
Khorsand, Evelyne Buyle, Patrick Chesnais et Olivier Granier) s’emmitouflent
après le spectacle, pour prendre la route enneigée.
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