« En
1992 nous allions prendre trois ans pour faire le tour du monde. Il était vite clair
qu’il fallait alors ne faire que naviguer. Renonçant à ce calendrier, nous y
avons mis douze. » C’est après
avoir vendu le voilier de ce vaste périple, dont six ans parmi les îles du
Pacifique, que Johnny et Ulla Magnusson ont fait construire leur actuel bateau
au Brésil, Il me fait le tour du commandant de cet« appartement sur pontons », amarré pour quelques jours à
Soissons. « Nous l’avons fait
transporter en Europe avec nous sur un porte-conteneur, accompagnés d’un million
de melons en vrac. »
Cela fait deux ans que ce couple suédois
explore les canaux de France. Pour combien de temps ? « Tant que nous en avons envie. » Johnny est ferme :
« Pour moi, acheter une maison c’est
acheter une prison. Chaque matin, je me lève en me disant « Qu’est-ce je
fais aujourd’hui ? »
Comme tant de Suédois, ils parlent
anglais avec seulement une tonalité dansante pour trahir leur origine. Le
français ? « Nous l’étudions,
une séance tous les matins. » Ils comptent sur l’article qui suivra cet
entretien pour s’exercer.
De richissimes Suédois libres de tout
souci matériel ? « Non, nous
devons faire attention. Nous mangeons rarement au restaurant parce que cela
alourdirait notre budget. » Tout est subordonné à cette soif du
voyage. Jusqu’au grand départ, Johnny avait été ingénieur maritime, travaillant
sur les sous-marins suédois, puis dans l’industrie norvégienne du pétrole. Ulla
était kinésithérapeute. Ensuite, et entre autres, six ans dans les îles du
Pacifique, dont ils ne s’éloignaient que pendant la saison des cyclones chaque
année.
Elle apporte du café et de petits
gâteaux « suédois »,
précise-t-elle. Mais ils ne sont jamais dans leur pays ? «Achetés à Ikea ! »
Johnny, l’image même de la détente, mais
tout à la conversation, se balance dans un siège-hamac sur l’arrière pont. « Ulla a toujours été sociable, mais
moi j’ai changé en voyageant. D’ailleurs, je croyais que mes souvenirs seraient
des endroits visités, mais ce sont toujours aux gens que je pense, pas aux
lieux. »
Une question essentielle plane. Je la
pose. Pourquoi ce voyage sans destination finale, sans retour ? Pour Ulla,
c’est simple : « Je veux
toujours voir ce qui se trouve de l’autre côté du prochain coin de rue ».
Pour savoir davantage sur leurs
expériences, ou rêver par personne interposer de tout plaquer et partir à
jamais sur les eaux du monde, voir leur site (en anglais) : www.hem.passagen.se/aspicetoo
L’Union
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