17/02/2014

Le jazz fantastique

Tigran Hamasyan prend la parole.
Alors qu’une soirée de jazz est le plus souvent annoncée sous le nom du musicien principal ou de sa formation, le pianiste Tigran Hamasyan avait choisi d’intituler son concert « Shadow theatre ». Qui dit « théâtre » laisse entendre un spectacle. Y aurait-il des projections, ou des effets de lumière ? Rien de tel. La configuration du plateau du Mail était au plus classique, rideaux striés de colonnes de lumière rouge. Les musiciens qui entraient ne regardaient même pas au public.
    Mais quand ils commencent à jouer, la musique suggère immédiatement des contes ou images. Changeant constamment de style, de rythme, d’intensité, de couleur, virant du lyrisme exacerbé à l’incisif ou à l’inattendu, et avec une voix planante de femme, elle fait comprendre aussi les origines arméniennes du compositeur.
    Son piano est sonorisé pour dominer l’ensemble, au point que l’auditeur frôle la sensation d’être assis lui aussi sur le tabouret.
    Le concert se termine tout de même par un vigoureux set de jazz libre, comme pour montrer qu’ils savent le jouer ; mais le premier bis est d’un romantisme déchirant qui nous ramène au fantastique.
    Le théâtre émerge donc dans la musique, qui stimule l’imagination autant que l’oreille. Mais rien n’est précis. Les images émergent des ombres et y retournent. C’est le théâtre d’ombres, le « Shadow theatre ».
L'Union



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