31/08/2013

Une chorale néerlandaise à Saint-Charles

                                                                                           Photo : GVE
Le Gestels Vocaal Ensemble, chorale néerlandaise, a la bonne habitude de venir passer quelques jours en France chaque septembre, et d’y donner des concerts. Cette année, sa tournée aura lieu dans l’Aisne, et le premier de ses trois concerts sera donné à l’ancienne chapelle Saint-Charles de Soissons.
    Le répertoire de cette vingtaine de choristes, dirigés par Jan Snel, est caractérisé par une grande diversité de compositeurs, styles et périodes. A Soissons, le programme comprendra des œuvres d’une douzaine de compositeurs, de Palestrina à John Taverner, en passant par Orlando Gibbons, Bach, Liszt et Bruckner.
    L’événement est organisé pour aider à la restauration de la chapelle.
L'Union

28/08/2013

La fin des orgues d’été

Michel Deharvengt, président des
Amis des orgues, félicite Ghislain
Leroy après son concert.
Ghislain Leroy a convaincu dès le début de l’Ouverture N°3 de J.S. Bach. Il a pris en main cette complexe œuvre pour orchestre, transcrite pour orgue, et l’a rendue compréhensible. Il a expédié rondement le second mouvement, devenue célébrissime dans son adaptation pour violon sous le titre « Air sur la corde de sol ». Les autres mouvements ont rempli l’auguste cathédrale de musique de danse, gavotte, bourrée et gigue.
    Ghislain Leroy, titulaire à Lille et au Touquet, est venu à Soissons, non pas pour donner ses habituels cours d’orgue au Conservatoire, mais pour le dernier concert de la série d’été.
    L’ouverture d’un oratorio de Mendelssohn a rétabli les tonalités ecclésiastiques, alors que « Naïades » de Louis Vierne accumulait des ondoiements presque païens. Le « Grand chœur » d’Alexandre Guilmant a rétabli les convenances et terminé le concert. Les auditeurs sont repartis sous un ciel couvert, autre présage de fin d’été.      L'Union

27/08/2013

Les otages de la canicule

   « D’habitude, nous passons une nuit au camping, filons à la cathédrale, puis partons pour les châteaux de la Loire. » Cette année, Han et Nieske Kok devaient aller à Bourges. Mais la chaleur les a piégés, et ils ont fini par passer leurs vacances à Soissons. Ils racontent l’expérience, sous l’auvent de leur camping-car.
    Ces Néerlandais sont des inconditionnels de la France. « Je suis venu à six ans avec mes parents, il y a soixante ans » explique Han. Avec Nieske, qui vient de prendre sa retraite d’institutrice, ils font deux visites par an. Qu’est-ce qui les attire tant ? Sans hésitation ils répondent : « la culture ».
    Ils espéraient assister cette année au festival « Un été à Bourges ». Mais ils sont heureux d’être restés ici. Ils ont visité la ville en profondeur, et la cathédrale de bas en haut. En voiture ou à vélo, ils ont rayonné jusqu’à Pierrefonds, Coucy-le-château, Septmonts, Condé-sur-Aisne. « Les automobilistes en France font très attention aux cyclistes, alors qu’aux Pays Bas… » Ils apprécient le camping, son calme, sa propreté. Ils trouvent les Français accueillants. A Soissons ? « Partout ! » Leur francophilie est inébranlable.
    Han et Nieske habitent près d’Amsterdam, à Aalsmeer, centre du commerce des fleurs. Son marché est la troisième plus grande surface couverte du monde, après le Pentagone et le palais de la République à Bucarest. Han a été directeur d’un collège où des étudiants viennent du monde entier apprendre les métiers floraux. Il raconte qu’en visite à Rungis avec un groupe de jeunes, il leur avait fait étudier le commerce tel que les fleuristes français l’exercent. Aux Pays Bas les clients cherchent des fleurs non encore écloses, alors que les Français veulent que les fleurs qu’ils achètent soient grand ouvertes. « Ils sont gentils » note un étudiant. « Quand on ne peut plus vendre les fleurs chez nous, les Français veulent encore les prendre. » Voilà un petit cours d’art floral au camping municipal !
    Aiment-ils eux-mêmes les fleurs ? « Notre maison en est toujours pleine, le séjour, le salon, la chambre. »
    Dans deux jours Han et Nieske partiront chez eux, jusqu’à la prochaine virée. De celle-ci, et grâce à la canicule, ils garderont le plaisir d’être plus longuement restés là où ils n’entendaient que passer.
L'Union

19/08/2013

Un pivert néerlandais se pose à Soissons

A côté des bateaux-jouets d’« Eté en sc’aisne », les passants s’arrêtent pour admirer une péniche couleur acajou. C’est le « Hackspett ». Le nom est suédois, expliquent ses propriétaires anglais, Steve et Joanne Jones. Une péniche suédoise, alors ? Non, néerlandaise, une authentique « Dutch barge ». Achetée à des Suédois, donc ? Non, à des Néerlandais. Mais ce sont bien des Suédois qui l’avaient fait aménager dans les années soixante, et l’avaient baptisée. Le « hackspett » est un pivert en suédois.
    Steve et Joanne sont sociables, comme tant de plaisanciers. Etre isolés sur un bateau toute la journée dispose à passer de joyeuses soirées avec d’autres voyageurs. Ils connaissent même des plaisanciers qui ont été nos « Visiteurs » par le passé. Ils veulent bien se raconter, après avoir servi de grandes tasses de café.
    Depuis plus d’un mois ils voguent doucement sur le canal du Nord, et ont vécu l’aventure du passage par le long souterrain de Riqueval.
    Ils ont amarré à Bourg-et-Comin. Pour se reposer ? « Pour peindre. » Des toiles ? « Le bateau ! ». Ils s’arrêtent à Soissons pour se ravitailler, et sont conquis par l’ambiance de la ville. Le français ? « Joanne le connaît mieux que moi, mais elle est prise de timidité chaque fois qu’il faut se lancer. »
    Le couple habite Southampton, sur la côte sud de l’Angleterre, chacun ayant suivi son propre itinéraire de vie pour y arriver. Steve vient de prendre sa retraite d’ingénieur d’entretien de bateaux, bon métier pour le propriétaire du « Hackspett ». Joanne est retraitée aussi. « Nous sommes relativement jeunes, alors nous songeons à d’autres projets. »
    Les tasses sont vides. Steve et Joanne partent de bonne heure, pour profiter de la fraîcheur matinale. Avant le soir, ils doivent rejoindre Vic-sur-Aisne. Le plaisir dont parlent tant de plaisanciers est toujours le même : la délicieuse lenteur d’un voyage sur l’eau.
L'Union

Vallée de la Crise : Une ferme comme dans le temps


 Dans la mêlée, le furet s’est sauvé sous la niche qu’il partage avec épouse et enfants. Il y furète : quoi d’autre ? Les garçons les plus bruyants partis voir les cochons, c’est Alexandre le calme qui arrive à l’attirer et le rattraper. Il le remet à Sylvain Philbert, propriétaire de la Berque. Cette ferme pédagogique ménage de telles réactions inattendues : les fiers-à-bras qui hésitent à caresser un museau de cheval, les timides qui sont à l’aise entourés d’animaux. En apprenant, chacun s’apprend autant.
    La Berque est référencée « ferme pédagogique » par la Chambre de l’agriculture et l’Inspection académique. Mais la pédagogie se fait dans le désordre apparent d’une exploitation à l’ancienne. Alors que l’agriculture et l’élevage intensifs imposent leur logique implacable dans cette région céréalière comme ailleurs, la Berque garde la diversité d’une ferme qui devait satisfaire tous les besoins du voisinage. Elle fourmille de moutons, poules, pintades, lapins, cochons, chevaux, oies, canards, avec un dindon impérieux, un âne, un chien, des chats – et la famille de furets.
C’est aussi un gîte de groupe, équipé pour recevoir une quarantaine de visiteurs. Classes vertes, stages écologiques et d’arts martiaux y trouvent leur place. Un maraîcher-boulanger cultive les champs, autre source d’enseignement pour les visiteurs. La pédagogie est nécessaire : à la question « A quoi servent les lapins ? » un jeune répond « Pour les œufs ? » - pensait-il aux œufs de Pâques ? Définir « un mammifère » laisse perplexe.
    Il y a un musée d’outils et appareils anciens, râteaux, baratte à beurre et une scieuse à planches.
Sylvain et sa femme Marie-Christine gèrent la ferme, reçoivent les visiteurs, et militent pour le maintien d’une agriculture paysanne. « Nous essayons de résister. »
    Ils sont aussi à l’origine du « Sentier d’art », qui part de La Berque et y revient par monts et vaux. Des artistes tels Salim Le Kouaghet et Emmanuel Barrat, mais aussi de simples imaginatifs installent des œuvres d’art éphémères le long des cinq kilomètres. Les récentes, gestes artistiques posés dans la nature, surprennent, intriguent, amusent le passant ; les anciennes, en se désintégrant doucement, posent la question de savoir ce qui est art et ce qui est nature.
    Ferme de la Berque, 02200 Nampteuil-sous-Muret. La ferme pédagogique reçoit les particuliers les vendredis jusqu’en septembre. Les animaux goûtent à 16 heures. Entrée gratuite. Pour les groupes, appeler le 03 23 55 18 52. Le sentier est ouvert en permanence ; accès libre et gratuit.
L'Union

10/08/2013

Le préfet sur le chantier

Parmi ses derniers rendez-vous avant de quitter ses fonctions dans le Département, le Préfet Pierre Bayle a tenu à visiter le chantier international de Berzy-le-Sec (voir l’Union du 7 août). Il a ainsi marqué l’intérêt qu’il porte, d’une part à la lente restauration du patrimoine meurtri de l’Aisne – le château de Berzy a été détruit en 1918 – et d’autre part au bénévolat, cet engagement par lequel les individus contribuent, sans retour matériel, au bien public. Pour les équipes venues de l’étranger, et penchées sur la pierre, le bois, la ferronnerie, les tuiles qu’ils travaillent, cet homme qui passait parmi eux, en se faisant expliquer leurs gestes, pouvait être un visiteur comme un autre. Ils ne se rendaient guère compte qu’un représentant de la République française marquait son estime pour leur démarche.
L'Union



Sur les remparts du château, Bruno Lestrat (à gauche), président de l’Association de sauvegarde du patrimoine de l’Aisne méridional (ASPAM), fait voir la façade en restauration au Préfet Pierre Bayle.

09/08/2013

Une partie de pétanque ?

Les anciens restent nostalgiques des moyettes d’antan, gerbes de blé en attente de la batteuse. Ils ont été rejoints par ceux qui regrettent les ballots carrés, empilés dans les champs comme de gros cubes d’enfant. La moisson s’accompagne à présent de ces rouleaux de paille, éparpillés dans un champ de la vallée de la Crise comme si des extraterrestres géants avaient soudain abandonné leur bizarre partie de pétanque.
L'Union

La musique allemande à la cathédrale

« En Allemagne je joue souvent de la musique française, mais en France les gens veulent entendre la musique allemande. » Michael Bottenhorn, organiste de l’église Saint Josef de Bonn, et qui a étudié en France, a donc programmé Bach, Wagner et Ritter pour le second concert d’été à la cathédrale.
    A.-G. Ritter est un Romantique, explorant des sensations et les sentiments qu’elles éveillent, au dépens de la rigueur mathématique baroque. J.-S. Bach, bien sûr, arrive à concilier les deux. Manquait-il aux transcriptions de deux ouvertures de Wagner la diversité des couleurs orchestrales pour avoir un plein impact ?
    L’organiste, friand d’improvisation, en a proposé un grand exemple. « Je n’ai choisi le thème qu’après la messe du matin en entendant le carillon » Sur un ton espiègle, il ajoute « J’ai choisi d’improviser, plutôt que de rejouer la fugue de Duruflé sur ce motif. » Le résultat ferait penser que des oiseaux auraient envahi la tour de la cathédrale, ajoutant leurs pépiements au son des cloches. C’était le moment le plus original du récital.
 L'Union

08/08/2013

Le conflit des moissons

Pour « La moisson des associations », une soixantaine de activistes d’une vingtaine de groupements concernées par l’écologie, l’environnement, l’alimentation saine et l’habitat se sont réunis à la ferme de la Berque.
    Ils ont eu une rude illustration des obstacles sur leur chemin. Comme pour rappeler la domination exercée par l’agriculture intensive, le bruit assourdissant d’une moissonneuse-batteuse dans le voisinage a compliqué la présentation de ses activités faite par chaque association. Elles n’y auront vu sans doute qu’une raison de plus à promouvoir une démarche alternative et plus douce.
L'Union

01/08/2013

Soins palliatifs : un témoignage

Roger Persini, chez lui à Ciry-Salsogne, témoigne
du travail de l’unité de soins palliatifs à l’hôpital de Soissons.
« Elle s’est envolée, je le dis comme ça. » Comment ne pas voir, dans l’image qu’emploie Roger Persini pour dire la mort de sa femme Dany, un oiseau qui s’échappe de sa cage ? Dans la maison où il est désormais seul, mais qui porte encore toutes les traces d’une présence féminine, il raconte l’expérience des trois mois entre les premiers signes de malaise – « comme une grippe » - un matin de mars où il lui apportait sa tasse de café, et son décès le 20 juin. Détérioration foudroyante, coma, urgences, Reims, opérations, retour à Soissons, enfin unité de soins palliatifs : il les détaille minutieusement, du dernier repas chez eux aux noms de médicaments. Ainsi il gère son deuil, évite un faux oubli qui laisserait des cicatrices cachées.
    Il veut témoigner de l’attention portée à sa femme et à lui par l’équipe de soins palliatifs et les bénévoles Jalmalv, qui offrent un accompagnement « citoyen » dans ce milieu médicalisé. « Je les aime. » Il ajoute « respectueusement ».
    Une chose lui reste en travers de la gorge : des références dans son entourage à « l’acharnement thérapeutique » pendant les trois mois de traitement et soins. Il croit plutôt que tout a été fait pour sauver sa femme, puis réduire sa souffrance et enfin lui assurer une mort douce.
    Roger et Dany s’étaient connus enfants dans leur quartier de Marseille, s’y sont mariés il y a 47 ans, et ont rejoint un de leurs enfants dans l’Aisne en 2004. Ils ont aimé ce nouveau pays, s’y sont intégrés : « Ils étaient une centaine à ses obsèques. »
    « Je la remercie d’être restée vivante ces trois mois, pour m’habituer à l’idée de la perdre. » A-t-il raison ? Les mourants ont en effet parfois leur propre calendrier, attendant l’arrivée d’un parent, ou d’être seuls, ou autre chose, avant de faire le dernier pas.
L'Union